S'attaquer au squale mythique des Des Dents de la mer n'est pas une mince affaire. Heureusement une mouette sera là pour aider Nancy à s'en sortir.
The Swallows reprend les codes des Dents de la mer pour n’en être qu’une risible version. Si un film se caractérise par son intrigue et son jeu d’acteur alors les créateurs de The Swallows n’ont décidément rien compris.
Le film s’ouvre d’abord sur le choc de deux cultures, soit une américaine qui a appris l’espagnol au lycée et le local mexicain. Mais n’a-t-on pas fait plus cliché que cette scène ou l’américaine accro à son portable se fait recadrer par l’Homme mi-hipster mi-mexicain qui lui dit de regarder autour d’elle pour voir l’essence de la vie ?
Le film cumule les erreurs dramatiques et les facilités scénaristiques. Entre les adolescents immortels qui pensent tout savoir, le père largué mais protecteur, et l’alcoolique trop sûr de lui, The Swallows accumule les mauvais rôles. Mais comme-ci l’amat de seconds rôles clichés et un fond intellectuel proche du néant ne suffisait pas, il fallait que la réalisation pâtisse des difficultés profondes à faire de The Swallows un film crédible. Après avoir vendu la plage où se déroule l’action avec des plans dignes d’une publicité pour le Club Med, Jaume Collet-Serra, le réalisateur, ne nous épargnera pas non plus les gros plans sur un maillot de bain dérisoirement petit et les slow-motion à la Alerte Malibu.
Mais le véritable problème du film réside dans son incapacité à nous faire croire à la situation. Blake Lively, censée incarner une femme combative et forte, ne réussit à réduire la femme qu’à un vulgaire objet dont les hommes tirent les ficelles. Sinon quel est l’intérêt de montrer une femme survivant à tout alors que les autres hommes meurent ? Si le propos aurait pu être intéressant, il est noyé par sa réalisation misogyne et primaire. De plus, tout est orchestré de telle manière à ce que le spectateur anticipe la fin. Il est nettement plus agréable de replonger dans Les Dents de la mer malgré ses quelques rides, ou de redécouvrir comment Tom Hanks dans Seul au monde réussissait à nous captiver en parlant à un ballon. Car si le film pèche déjà par ses lacunes scénaristiques, il se noit dans les profondeurs abyssales de ses dialogues. Voir Nancy parler avec son amie la mouette sur un rocher au milieu de l’eau pourrait rapidement rappeler les dialogues entre Pi et Richard Parker dans L’Odyssée de Pi, mais, que nenni. D’une bassesse d’écriture surprenante, le film surprend encore plus quand nous comprenons que la mouette n’est en réalité que la métaphore du film lui-même. Je crois que le choix de l’animal est crucial, et que décidément L’Odyssée de Pi a bien fait son choix. Alors même si à travers la figure agressive et spectaculaire du requin, elle y trouve son double qu’elle doit combattre pour repartir à sa douce vie d’étudiante Texan en médecine, il s’avère qu’on était loin de penser qu’un requin pouvait aussi mal jouer.
The Swallows ou Instincts de survie est un film profondément bateau et misogyne, qui ne mérite décidément pas l’attention des amateurs de cinéma. On prend un malin plaisir à oublier le visionnage tant le film est un ramassis de clichés et de déjà-vus.Plus proche d’un documentaire pour protéger la faune et la flore mexicaine, que d’un film de survie, The Swallows est véritablement un ovni de médiocrité.
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