Il s'agit d'une note sur l'échelle de la comédie, autant dire que je surnote un peu (j'ai mis la même note à certains grands classiques, du coup je culpabilise un brin).
Disons que "Inspecteur la Bavure" fait le job dans son genre, la comédie franchouillarde et bon enfant des années 70-80. On sent une insouciance, une liberté de ton, une volonté de rire de tout qui fait chaud au cœur à notre époque où le politiquement correct et la victimisation systématique ont gagné du terrain.
En plus j'ai vu le film dans sa version restaurée de 2016, autant dire que le rendu visuel est magnifique, faisant honneur à la très belle photo d'Henri Decae, illustre chef opérateur de la Nouvelle Vague et de Melville.
A cet égard, le producteur Claude Berri a bien fait les choses (à travers sa société Renn Productions), s'entourant des meilleurs techniciens afin de proposer un résultat à la hauteur sur le plan formel. On retrouve ainsi les inévitables Vladimir Cosma à la musique (pour une mélodie sautillante aux sonorités ska) et Rémy Julienne aux cascades automobiles.
On regrettera que l'écriture n'ait pas bénéficié du même soin, car si Claude Zidi et son co-scénariste Jean Bouchaud multiplient les bonnes idées (à commencer par ce pastiche de Jacques Mesrine, à peine un an après la mort de l'ennemi public n°1), les deux compères n'ont pas travaillé suffisamment pour élaguer les quelques scènes foireuses ou hors-sujet, et pour offrir au récit un dénouement digne de ce nom (en lieu et place de cette fin complètement bâclée).
Il faut dire qu'à cette époque Zidi réalise deux films par an, tandis que Berri est impliqué dans la moitié des films tournés en ... Autant dire que personne n'a le temps ni l'envie de fignoler, d'autant que le public français répond présent dans les salles (plus de 3,5 millions d'entrées).
Le casting constitue évidemment l'atout majeur d'"Inspecteur la Bavure" : outre la complémentarité du trio Coluche - Depardieu - Lavanant, et la présence de solides seconds rôles (Julien Guiomar, Hubert Deschamps, Marthe Villalonga...), on prend plaisir à reconnaître toute une nouvelle génération de comédiens - parfois dans de minuscules apparitions - qui allaient faire parler d'eux dans les années à venir : Martin Lamotte, Richard Anconina, Richard Bohringer, Hippolyte Girardot, Florent Pagny...
Claude Zidi n'est jamais meilleur que dans la comédie policière ("Les ripoux", "Association de malfaiteurs"), il le prouve une fois de plus avec ce divertissement grand public qui ridiculise la police avec un certain panache.
Bien sûr, "Inspecteur la Bavure" reste très inégal, et ceux qui ne l'ont pas découvert durant leur jeunesse risquent de trouver certains ages navrants, mais pour ma part je le classe parmi les bonnes comédies françaises de cette période, sympathique témoignage d'une époque qui semble bien plus libre et insouciante.