Avec les Coen, ce qui est bien, c'est qu'il n'y a (quasi) rien à jeter et beaucoup d'oeuvres atypiques.
Loin d'un versant plus cérébral de leur cinéma ou de leurs comédies d'idiots, Inside Llewyn Davis est une pépite d'émotion pure. Une lettre d'amour à la loose et à ceux qui la subissent, à contrepied de toutes les success-story qui ne sont finalement que des exceptions.
Oublié l'american dream, notre héros, volontiers antipathique, restera ce visage anonyme dans la foule, talentueux mais ignoré par la chance. Or, le dilemme est ici le même que celui du documentaire Anvil, comment exister quand on nous refuse de vivre pleinement la seule chose qui nous transcende ?
L'identification est, là encore, totale et douloureuse, chaque impair vécu par le héros étant comme une grande baffe en pleine gueule pour le spectateur, et autant de raisons d'hurler à la face de ce monde injuste, quand bien même le film reste placide.
Volontiers cruel jusque dans sa résolution (on est chez les Coen), Inside Llewyn Davis fait cependant preuve de beaucoup d'humour et d'une tendresse infinie pour ses personnages qui provoque des décharges d'émotion s'apparentant a la cuillère de miel après celle de vinaigre.
Soit un discours salutaire sur le renoncement et notre ambivalence face à lui qui résonne au-delà de la simple frontière artistique. Ajoutons à cela la maitrise plastique des Coen, une bande-originale folk magnifique et c'est bon, je vais le dire, Inside Llewyn Davis est un chef d'oeuvre.