Documentaire ou documenteur?
"Incident at Loch Ness" où l'exemple type d'un film dont je n'attendais rien et qui m'a bien scotché! Pourtant, comme ça, c'est vrai que ça ne ressemble pas à grand chose. Le seul truc qui m'a incité à le voir c'est mon iration sans borne pour ce génialement fou (ou follement génial, au choix...) cinéaste qu'est Werner Herzog.
Tout commence comme un banal making off sur le projet d'Herzog intitulé "Enigma of Loch Ness" s'intéressant au fameux Nessie. Herzog reçoit chez lui quelques membres de sa future équipe histoire de faire les présentations. On y trouve là le producteur Zak Penn (himself!), le chef op', l'ingé son.... Rien de bien extraordinaire, donc. Et les dix premières minutes laissent à penser que l'on va bien se faire chier! Jusqu'au moment où lors d'une petite discussion, on semble détecter qu'il y a monstre sous rocher. Notre cher Zak semble ne pas être très clean vis à vis de ce bon Werner. Aurait-il des choses à cacher?
Et l'on va suivre, en Ecosse, les trois premiers jours de ce tournage "maudit", avec la tension qui s'installe entre le producteur et le cinéaste mais aussi entre les membres de l'équipe, sans oublier les problèmes techniques inhérents à tout film. Jusqu'au moment où la réalité semble déée par la fiction. Ou comment er en 1h30 d'un making of à un film catastrophe.....mais, chut, je n'en dirai pas plus....
Alors en quoi ce film est-il intéressant?
Tout d'abord par sa critique acerbe et ironique sur le monde du cinéma (comment ça, le tournage d'un film ne ressemblerait donc pas au monde des Bisounours?!) et par l'affrontement entre Werner et Zak. Ainsi un producteur pourrait être tenté d'enfler un cinéaste même de grand renom! Bien sûr, toutes ressemblance avec des faits ayant déjà éxistés etc etc etc.... Zak est parfait dans ce rôle de producteur imbu de sa personne et n'en n'ayant rien à faire de la vision de l'artiste mais dont le seul but est de faire du blé (quitte à tenter d'y insérer en la présentant comme "opératrice sonar"une superbe nana qui n'a pas coûtée cher en tissus!). Cette critique de la différence entre ce que veux le cinéaste et ce que souhaitent les majors est d'autant plus savoureuse qu'elle est réalisée par Zak qui a scénarisé quelques blockbusters (deux X-Men, Elektra, L'incroyable Hulk). Ce qui prouve que le bonhomme a de l'humour et un certain recul sur lui même. A l'image des autres acteurs qui jouent leurs propres rôles et n'hésitent pas à se montrer "légèrement" narcissiques. Et Werner est parfait dans le rôle de l'homme droit dans ses bottes.
Pour le mélange des genres aussi. Les nombreux éléments de vérité (par exemple la relation Kinski/Herzog est souvent évoquée et donnera lieu à une scène des plus savoureuse) insérés dans cette "farce" font que l'on plonge tête baissée et que l'on cherche toujours à démêler le vrai du faux. Puis c'est intelligemment filmé camera à l'épaule (remarque quoi de plus normal pour un making of me direz-vous!) ce qui fait que le doute nous habitent constamment. Et puis ce changement d'atmosphère dans la dernière demi-heure où l'on semble er dans un autre film (de type catastrophe) est très réussi et prenant.
Et enfin pour les quelques réflexions abordées sur le pouvoir des mythes, sur la notion de voyeurisme aussi (jusqu'où peut-on aller pour faire un film? A quel moment doit-on poser la caméra? Doit-on tout filmer?)mais juste abordées subtilement, le but du film n'étant pas là. Se pose aussi la question de l'honnêteté (le cinéma n'est -il que mensonge comme l'a déclaré un jour Herzog?).
Bref si vous aimez le cinéma subtil et intelligent tout en gardant une part grandguignolesque, ce film est fait pour vous. Mais attention, si vous ne rentrez pas dedans vous risquez de bien vous faire chier durant 1h30. Vous voilà prévenus.....