Une belle musique ne suffit pas

Je suis un peu décontenancé par ce film. Il apparaît souvent dans le top des meilleurs films chinois (même si ici, « hongkongais » serait plus approprié). In the Mood for Love choisit de nous montrer, pendant une heure et demie, une romance elliptique et très sobre. C’est ma première expérience avec le cinéma de Wong Kar-Wai, et honnêtement, cette découverte ne m’a pas vraiment donné envie de voir ses autres films.

Il faut être honnête : tout n’est pas à jeter dans ce film. Les plans sont très soignés, la caméra n’est jamais posée au hasard. Il y a toujours ce sens du détail que j’aime tant dans le cinéma asiatique, surtout quand il prend racine en Chine. Certaines scènes sont vraiment pleines d’émotion, notamment celle où Maggie Cheung pleure discrètement. C’est incroyablement réel, et surtout très poignant. Le concept du film, c’est que les deux personnages principaux s’aiment ionnément, mais ne peuvent pas se l’avouer, car ils sont mariés. Alors, quand les émotions finissent par déborder, surtout chez une femme qui semblait froide tout le film, ça fait quelque chose.

Mais voilà, il y a trop peu de scènes vraiment brillantes. Tout repose sur la retenue, mais les plans ne durent pas assez, on e trop vite d’une scène à l’autre. On n’a pas le temps de savourer leur retenue, de voir les émotions se développer. Ça manque de vie. Je ne demande pas forcément du naturalisme, mais juste quelques secondes de plus à chaque scène, pour nous montrer un désir qui naît puis se retient. Je trouve aussi le champ-contrechamp inutile dans ce genre de film. Les décors sont beaux, la palette de couleurs est superbe, ce qui donne de belles scènes créatives (notamment les scènes de miroirs vraiment réussies), mais parfois le film se contente d’un simple champ-contrechamp, quel gâchis !

Et la musique… Je la trouve inable. Elle est belle, ce n’est pas le problème, mais elle est trop présente, en boucle, tuant l’émotion qui pourrait naître dans les scènes sans dialogue. Mais non, comme il n’y a pas de dialogue, Wong Kar-Wai se sent obligé de mettre sa playlist Spotify tout le long.

Bref, le film a de bonnes idées, il arrive à créer de vrais moments d’émotion, mais ils sont trop rares, la faute à un rythme mal géré et à cette foutue musique qui, décidément, ne me met pas dans le mood pour le film.