Blondin reborn on the Hell side

Unforgiven fait date dans l'Histoire du cinéma pour plusieurs raisons. Déjà sur le marché français, il a bénéficié de la PIRE TRADUCTION DE TITRE DE TOUS LES TEMPS. Non mais franchement, "Impitoyable", comment peut-on à ce point tromper le spectateur gaulois sur la marchandise ?


Ensuite (et plus sérieusement), c'est un film charnière dans la carrière d'Eastwood, acteur mythique devant beaucoup au genre du western, à son personnage de Blondin particulièrement, pas encore auréolé d'une aura de réalisateur confirmé et globalement apprécié pour son travail. Il avait déjà prouvé avec Bird qu'il avait l'étoffe d'un très grand réalisateur, mais une biographie de saxophoniste ne pouvait pas avoir une portée similaire à celle d'un retour au genre qui l'avait révélé.


Enfin et surtout, Unforgiven, en brisant aussi bien les codes de l'âge d'or du Western que ceux du spaghetti, illustre le temps d'une seule pellicule le terne, le rouillé bien caché derrière la poussière dorée de la légende de l'ouest sauvage. Tous les personnages hormis celui de Eastwood vivent encore dans la légende d'un ouest qui agonise. Les vieilles gueules, du shérif à l'anglais sont bouffis d'orgueil d'avoir été de ceux de l'Abilene de la grande époque, le vieux briscard de partner se gargarise encore de son coup de fusil, tandis qu'un jeunot fantasme sa renommée à venir... Et au milieu de tout ça, un écrivain de l'Est bien policé, avide de figures à coucher sur le papier leur vie en forme d'épopée...


Eastwood se montre vieux, pas capable de tirer correctement ou même de monter sur son cheval, macérant ses souvenirs embrumés de whisky. Et c'est une fois qu'il a littéralement traîné dans la boue et la fange l'icône qu'il est et sera à jamais qu'il renoue brusquement avec la légende et offre au spectateur un final grandiose.


Pas esthétisée pour deux sous, sa réalisation, sobre, quasi documentaire, traite sans ménagements tous les rouages du western, les expose à nu pour finalement les rendre plus appréciables encore.


J'ai toujours aimé penser que le personnage d'Eastwood était Blondin. Un Blondin ayant droit à un baroud d'honneur final le temps d'une dernière rasade d'alcool et d'inconscience, bien qu'il sache pertinemment que les temps actuels ne sont plus à aux cowboys à la gâchette affûtée, mais bien aux fermiers et charpentiers.

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le 1 nov. 2012

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Hypérion

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