Derrière le mélo, assez lassant au fond malgré les nombreux retournements de situation, qui occupe l’étendue principale du film, Jean Negulesco élabore une mise en scène élégante autour d’une réflexion sur la haute société autant stéréotypée que fidèle à une certaine réalité.
S’il est vrai que, comme le lui fait remarquer le personnage d’Helen Wright (Joan Crawford), John Garfield (Paul Boray dans le film) a bien plus un physique de boxeur que de violoniste (ce qui lui donnera plus de crédibilité pour son rôle dans Sang et Or qui sortira l’année d’après), avouons qu’il donne l’impression de savoir vraiment jouer du violon. La raison à cela ? Le cinéaste a eu l’idée géniale de faire un grand trou dans le costume de Paul Boray au niveau du coude par lequel un vrai violoniste ait son bras. L’illusion est parfaite ! Ajoutons aussi que Negulesco apporte un soin remarquable aux transitions / enchaînements entre les scènes et que la photo est globalement séduisante.
Néanmoins, non seulement l’histoire d’amour souffre de redondances mais en plus elle est assez incohérente en raison des forces contraires (la mère, la musicienne amoureuse) qui laissent croire que Boray romprait avec Helen alors qu’il s’enfonce dans une relation d’attirance / répulsion, à lier aux sentiments éprouvés par celui-ci à l’égard de la haute société, perçue avec la simplicité du peuple qu’incarne les parents et l’ami pianiste – élément comique du film – dont, en bon Américain, Boray veut s’affranchir, ascension sociale oblige.