House of Gucci c'est comme un repas de famille. Au début tu refuses, puis un mauvais esprit te convainc que tu peux tout de même en tirer quelque chose. C'est long, ils sont tous dingos dans cette baraque, mais en filoutant tu peux chopper une belle part de gâteau. Hélas, la réalité te rattrape, ils sont trop fous là-dedans et tu finis achevé par leurs troubles psychologiques.
Au visionnage, on ressent peu ou proue la même chose. Le gâteau paraît fort appétissant, rutilant sous ses gros GG clinquants entrelacés de gros noms du cinéma. Au final, seul Adam Driver se démène avec panache entre une Lady Gaga plus pouffiasse tu meurs, un Al Pacino à envoyer d'office à l'EHPAD et un Jared Leto à la calvitie la plus mal foutue de toute l'histoire de la coiffure d'Hollywood.
Ces rôles brinquebalants se trainent un scénario poussif à souhait. Tout porte à croire que notre Ridley Scott octogénaire visait sa tranche d'âge par ce feuilleton de 2h30. Le soap-movie s'éternise sur des affaires de famille qui auraient pu intéresser furtivement les trois du fond si elles avaient été un tant soit peu scénarisées. Les événements se succèdent et se déroulent avec une platitude affolante, sans jamais réussir à mettre en valeur les tensions et les rapports de force.
Alors que Lady Gaga mène la danse dans tout le film, elle s'éclipse directement au moment où le tragique se prépare. En d'autres termes, elle se barre au moment où le film aurait enfin pu décoller et nous servir ce qu'on attendait. Je mets cependant ma main à couper que les ayants droit Gucci on censuré une bonne partie du scénario pour ne pas trop faire flipper les actionnaires.
Alors, le film essaie de se rythmer avec une bande-son pour le moins éclectique. Les tubes des années 80 n'ont jamais paru aussi cringes que dans House of Gucci. Le bal s'ouvre avec George Michael sur la scène du mariage... pour quiconque ayant vu Deadpool, c'est le fou rire (nerveux) assuré. Les autres titres tombent tout aussi comme un cheveux sur la soupe, d'autant plus qu'ils cotoient des mélodies "italiennes" de musique classiques. Le duo fonctionne mal et semble révéler le problème profond du film.
Ridley Scott n'est définitivement pas assez italien pour un House of Gucci réussi. Le film dégage une italianité clichée, sans toucher réellement du doigt en quoi cette histoire est révélatrice des démons internes du pays. Scorsese aurait mené le bateau d'une main de maître, c'est certain. En attendant, Lady Gaga rejoue à l'identique la bonne vieille parodie italienne de son clip Hey Hey, tandis qu'Al Pacino campe un parrain désormais complètement sénile.