« Horizons Lointains » est un film de Rudolph Maté qui met en scène l’expédition de Lewis et Clark à travers l’Amérique du nord au début du XIXe siècle, juste après la vente du territoire de Louisiane (qui contenait en réalité le Midwest) aux jeunes Etats-Unis d’alors par Napoléon. Jefferson, président de la nation émergente, confie à Lewis, l’un de ses proches, la mission de mener une expédition vers l’ouest, visant à cartographier les terres nouvellement acquises, et, si possible à découvrir un age jusqu’à l’océan Pacifique. Lewis accepte la mission, à condition d’en assurer le commandement t avec l’un de ses proches, le militaire William Clark. Ceux-ci se mettent en route un peu en froid, après l’annonce des fiançailles de Clark avec Julia Hancock, dont Lewis était alors très amoureux.
La troupe s’embarque sur un navire et débute la remontée du Missouri. Leur premier objectif est d’entrer en avec les amérindiens de la région, avec lesquels ils souhaitent nouer des relations pacifiques. Il leur faut également un guide, fin connaisseur du territoire, qui pourra leur permettre d’atteindre les Rocheuses et d’aller au-delà. Ils engagent d’abord le français Charbonneau, qui ne voit pas d’un très bon œil l’incursion des américains dans "sa" chasse gardée, puis, après qu’elle les ait sauvés d’une embuscade, la native Sakagawea. Celle-ci se révèle bien vite indispensable au succès de l’expédition.
L’angle choisi pour le film n’est, disons-le d’emblée, clairement pas le réalisme. L’expédition subit bien des pertes tandis qu’en réalité, seul un homme périt – de maladie. Sakagawea était la femme de Charbonneau et la mère de leur fils, et n’entretint jamais de relation amoureuse avec Clark. Son rôle d’interprète fut plus précieux que ses capacités de guide. C’est un film Hollywoodien, et il repose donc largement sur la romance entre la femme indienne, Sakagawea (jouée néanmoins par Donna Reed, un peu de whitewashing dû à la politique des studios et la nécessité d’avoir un lead féminin célèbre sur l’affiche), et l’officier blanc, le beau Clark (Charlton Heston). Donna Reed ne vaut pas la magnifique Elizabeth Threatt dans « The Big Sky » de Hawks sur un thème très proche, mais elle livre une prestation honorable et porte la robe traditionnelle indienne comme personne.
En dehors de ces aspects, il s’agit d’un honorable film d’aventure, bien rythmé. On a droit à plusieurs scènes où l’on franchit des obstacles – de manière parfois très créative – d’autres où l’on monte le camp ou l’où discute au coin du feu. L’exploration des territoires sauvages des Etats-Unis, encore vierges de la civilisation industrielle occidentale, a aussi quelque chose de fascinant. Cette période de découverte est assez rare au cinéma et confère au film un attrait supplémentaire.
Les acteurs y sont bons, en règle générale, et le film offre quelques scènes touchantes, sans que l’on s’y attende. La confrontation finale entre les deux femmes, la blanche nantie et l’indienne fière, tout en pudeur et en délicatesse, constitue par exemple un vrai morceau de bravoure. Rien de très exceptionnel au final, mais rien de moins qu’un travail solide qui remplit parfaitement son office de divertissement pendant une heure et demi.