Quand Spielberg crochette Pan à son tableau de chasse

Il n’y avait que Steven Spielberg et sa grande âme d’enfant pour oser imaginer et réaliser une sorte de suite au conte de Peter Pan. Et pour cela, il a une fois de plus employé les grands moyens, afin de nous offrir un spectacle des plus plaisants en nous faisant profiter une fois de plus sa façon de filmer irable et irée de tous. Mais franchement, il y avait de quoi se poser des questions : est-ce que le spectateur va être confronté à une revisite du conte originel ou du grand classique de Disney ? Quand on voit l'affiche, on devine sans peine que non, et qu'on aura bien affaire à un Peter Pan adulte, avec deux des acteurs américains les plus doués de leur génération. Le résultat final rassure totalement le spectateur, Spielberg ayant réussi cet incroyable pari à convaincre le public en attirant près de 3,5 millions de français dans les salles.

Tourné dans son intégralité en studios (et malheureusement ça se voit, notamment quand Peter Banning arrive enfin au pays imaginaire, l’eau ne bouge pas d’une molécule, ou par certains plats lors du festin ressemblant à un mélange de tubes de peinture), il a été apporté un soin particulier aux décors (bien que certains transpirent un peu trop le carton-pâte), et il faut ettre qu’ils sont dans l'ensemble assez réussis.

Pour ceux qui connaissent le grand classique Disney, on pense reconnaître la chambre de là où tout a commencé, et le navire du capitaine Crochet est à la hauteur de la légende dudit capitaine. Les costumes finissent de créer l’illusion.

Reste le casting. Découvreur de talents, Steven Spielberg n’a pas pour habitude de faire appel à des stars, en général pas plus d’une ou deux Là, Hook ou la revanche du capitaine Crochet bénéficie d’une distribution cinq étoiles : le talentueux Dustin Hoffman, le regretté Robin Williams, la charmante Julia Roberts, l’intenable Bob Hoskins, et l'inusable Maggie Smith. Le compte est bon : cinq étoiles, je vous ai dit ! A ceux-là on peut rajouter les apparitions anonymes de Glenn Close (méconnaissable) et de Gwyneth Paltrow qui ne tarderont pas à se faire un nom, et de Phil Collins. Les enfants perdus ont pour certains de bonnes bouilles, et inspirent tout de suite chez le spectateur une réelle affection. Tous rendent une copie plus qu’honorable. Mais là où est le principal intérêt du film outre un scénario que personne n’attendait, ce sont les prestations de… Dustin Hoffman et de Bob Hoskins, superbes en cabotinage et c’est à ces deux comédiens que je donne ma mention spéciale sans l’ombre d’une hésitation. Le premier est très convaincant en capitaine Crochet et a visiblement pris du plaisir à le jouer, ayant parfaitement compris la psychologie du personnage. Quant au second, il est lui aussi parfait dans le rôle du second, Monsieur Mouche, et je vous assure qu’avec le capitaine, il fait la paire, tant et si bien que je ne peux imaginer un seul instant de les dissocier. On sent nettement qu’ils ont pris un malin plaisir à endosser leur rôle, retombant quelque peu en enfance avec un délice non dissimulé, tout comme Julia Roberts.

Bon, l’image a aujourd’hui un peu vieilli, c’est vrai, mais ça permet au moins de sentir l’odeur défraîchie du livre de l’écossais James Matthew Barrie, créateur de Peter pan, un livre centenaire apparu sous le nom de Le petit oiseau blanc en 1902. Ensuite, c’est du Spielberg, ne négligeant aucun détail, et agrémentant son œuvre de quelques ages amusants comme la moustache qui bat la mesure au son d’un tic-tac inopportun, ou la menace de suicide. A cela vous rajoutez au capitaine un langage digne d’un vieux loup de mer plus riche en vocabulaire qu’en satisfaction personnelle. Notez aussi la partition de John Williams qui accompagne bien tout le film une fois de plus.

Si ce n'est déjà fait, venez donc prendre la mesure de cette audace insensée d’avoir inventé une telle histoire, et vous ne pourrez qu’adhérer corps et âme dans cette nouvelle folie fantastico-comico-familiale spielbergienne de 136 minutes.

9
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le 24 févr. 2025

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Stephenballade

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