Sérieusement, vous n’en avez pas marre de SensCritique ?
Entourés de cinéphiles mal dégrossis qui scindent leurs activités monomaniaques en deux exercices parfaitement compartimentés
1) la redécouvertes de grands classiques (qui réapparaissent très régulièrement dans votre fil d’actualité)
et
2) le démontage méthodiques de bollockbusters (avec une application et une abnégation qui confinent au déni)
…vous répandez vos likes avec conscience et sérieux.
Enfin, quand je parle de deux activités principales, je fais mine d’oublier le petit malin qui essaie de vous faire découvrir une perle inconnue cryptique dont vous sentez au bout de trois lignes (de critique) que vous ne erez pas la deuxième scène (du film).
Alors, non, vraiment, vous n’en avez pas marre ?
Étant moi-même un de ces cinéphiles mal dégrossis, je vais donc continuer.
D’autant que le cinéma d’entertainment fait pareil: il creuse invariablement le même sillon, lui aussi.
Il n’y a donc pas de raison.
Aux ados, nés absents
Et dans le style "je-ne-fais-qu’un-seul-et-même-film-depuis-40-ans", le bon Sylvestre se pose là.
Acteur producteur ou écrivain (humm) comme ici pour le scénario, Stallone ne propose inlassablement qu’un seul et même fantasme d’ado. Celui où vous vous rêvez guerrier invincible ayant renoncé aux armes, que les circonstances poussent à agir et démontrer la magnificence de son art.
On peut plus ou moins bien dissimuler cette pulsion scénaristique originelle.
Sylvester le fait très très mal.
Home is where the heart is: bas du front
Reste le bon vieux deuxième (troisième, quatrième…) degré, si cher à l’inoubliable interprète de Rambo, qu’il exploite si mal dans sa série Expendables, et qui permet de ricaner sans surprise devant un spectacle calibré depuis plusieurs décennies, et au spectateur amateur éclairé de noyer sa mauvaise conscience dans une sous-couche initiée de "je-suis-aussi-capable-d’apprécier-ça-en-connaissance-de-cause".
Mais là rien, même pas. Que dalle.
Méchant transparents, intrigue Bessonesque, plans de bonheurs préalable à la baston indigents, pas une punch-line, pas une scène, pas une pointe d’interprétation, pas un plan, pas une ligne mélodique, pas une seule seconde à retenir de ce machin sans propos, sans objet, sans but, sans originalité, sans rien d’autre que la pauvre même idée juvénile inconsistante.
Face à ce vieux matou inoffensif et ridicule qu’est devenu Stallone, qui encombre nos écrans depuis trop longtemps, je n’ai plus le cœur de me sentir comme un canari captif et feinteur. L’âge venant, je me sens bien plus en phase avec la vieille dame qui n’a qu’une envie: se saisir de son parapluie et agonir le fautif de coups répétés et définitifs.