Premier film et dernier documentaire de Blier fils, Hitler... connaît pas est le portrait de la génération d’après-guerre.
Série d’entretiens avec des jeunes gens de l’époque, le film nous montre bien toute les facettes de cette génération qui a, pour le meilleur et pour le pire, changer le monde. On y voit à la fois la bourgeoisie (inable) de droite avec ce fils de patron, droit comme un i, capitaliste assumé jusqu’au bout des ongles et la bourgeoisie (inable) de gauche avec la jeune femme plus que libérée sexuellement, vénale et qui représente bien l’idéologie libérale-libertaire qui découlera de mai 68.
On y voit aussi des prolétaires, hommes et femme, parlant de l’aliénation causée par la machine, de leur enfance, de leurs parents, de leur éducation et de leurs relations avec les individus de l’autre sexe. On y voit notamment une jeune mère, élevant seule son fils Bruno après que petit ami et famille l’aient abandonné, qui m’a profondément ému.
Le titre est à la fois une provocation de Blier, puisque nul part dans le film, il n’est fait mention de la seconde guerre mondiale (hormis quelques petites allusions) et encore moins d’Adolf Hitler, et en même temps, une réalité, puisque tous ces individus, né pendant ou juste après la guerre n’ont aucun souvenir d’Hitler. Leur manière de pensée étant uniquement la conséquence des actes du petit moustachu et non une expérience de ces mêmes actes.
Un film important pour comprendre la filmographie de Blier, qui a pu tirer de ces entretiens, les traits de caractère de ses personnages et les thématiques de ses films, on pensera notamment aux Valseuses et à Beau-père, ainsi que pour comprendre la complexité de cette génération si hétérogène et si disparate, les baby-boomers.