Theodore excelle à dicter de belles lettres manuscrites à un logiciel, en vrai poète des temps modernes ; à la fois béni par la startup qui l'emploie pour pérorer et maudit en amour, car incapable de se remettre de sa rupture avec Catherine.
Dans ce Los Angeles auréolé par la technologie, Theodore achète un OS, un système d'exploitation hyper évolué. C'est ainsi qu'il rencontre Samantha : une OS, une voix envoûtante et chaleureuse et finalement une petite amie irremplaçable.
Avec "Her", l'infini du possible est touché du doigt, celui de l'intelligence artificielle, reflet de nos envies, de nos lubies, comme de nos démons.
"Her" nous frappe car il frise avec la science fiction sans jamais y tomber complètement : tout ce qui est joué reste dans le domaine du possible, de l'imaginable. Les interrogations de départ de Theodore seront vite remballées au vu du répondant mordant, joyeux et vivace de Samantha. Celle-ci engage dès le départ une réflexion sur sa propre condition d'OS, affirmant qu'elle est mue par des intuitions plus qu'un programme de données.
La relation entre Theodore et Samantha se construit sur leur dialogue, mais aussi sur la découverte pour Samantha de sa sexualité. Certes, il peut y avoir quelques moments de flottements, des lourdeurs dans la dépiction de l'amour hors-normes entre eux deux.
Mais on se prend au jeu des OS, on se surprend à s'imaginer paré d'une oreillette pour être en communication, si pas en communion avec ces sur-êtres.
Le look hypster coloré de Joaquin Phoenix accordé à la voix ensorcelante de Scarlett Johansson, à la fois suave et cristalline, finit de nous emporter dans l'ambiance bien calibrée, mais un peu apprêtée du film.
Au fond, le film est porteur d'une réflexion profonde, qui touche à la fois à la technologie, l'humain que l'écosystème en général :
- comment pérenniser des relations sociales alors que tout est soumis au changement, nous les premiers ?
- quelle place accorder à la technologie dans notre vie?
Ce film, qui projette un champ infini des possibles dans notre quotidien, permet une jolie réflexion sur ce qui fait le tissu social, l'amitié comme l'amour, aujourd'hui et demain.