Harry Potter et l’Ordre du Phénix, cinquième volet de la saga, plonge dans une obscurité politique et psychologique nouvelle. Tandis que Voldemort, figure d’un mal absolu, renaît de ses cendres, le monde des sorciers, paralysé par le déni et la complaisance, refuse de croire au retour de l’ennemi honni. Ce climat d’aveuglement collectif pèse sur Poudlard, transformant l’école en un théâtre de tensions, où l’apprentissage cède la place à la résistance.
Pour la première fois, un nouveau regard méconnu s’impose derrière la caméra : David Yates prend les rênes de l’univers magique. Son approche délaisse l'exactitude des lignes de Rowling, au prix d’un rythme frénétique, parfois au bord de l’essoufflement. Chaque scène semble courir après la suivante, comme si le film craignait de s’attarder, d’approfondir et de ne pas conclure dans un délai imparti. Ce choix, contestable, confère toutefois une énergie brute au récit, à l’image de l’injustice et de la révolte.
La prophétie centrale, défaut majeur de cet adaptation, selon laquelle "l’un ne peut survivre tant que l’autre vit" ne fait qu’expliciter l’inéluctable, ce que Harry et Voldemort savent déjà : leur destin est lié dans une lutte à mort.
Certes, l’adaptation prend des libertés discutables et effleure parfois les thématiques qu’elle tente d’aborder. Mais la découverte de la force dans l’amitié, et l’affirmation que la lumière peut naître, même dans l’ombre la plus dense, confère toute la sympathie pour cet univers et ce film.
En ce sens, L’Ordre du Phénix est une réussite imparfaite, où l’on pressent déjà l’ombre du duel final qui se dessine à l’horizon.