Réalisateur très controversé au Japon, où ses films se retrouvent souvent classés au rayon pornographie des vidéo club, Sion Sono reste relativement méconnu en occident. Une anomalie que devrait combler ce sulfureux Guilty of romance, dernier film de sa trilogie de la haine entamée en 2008 avec Love Exposure et poursuivie par Cold Fish. Largement inspiré par Le Château de Kafka, il a été présenté au festival de Cannes 2011 lors de la quinzaine des réalisateurs.
Oeuvre absolument inclassable, ce film se présente d'abord comme un thriller, débutant par la découverte d'un cadavre mutilé dans une maison des quartiers mal famés de la ville. Mais rapidement, le scénario se transforme en une descente aux enfers pour une femme au foyer qui se frotte au milieu de la photographie érotique, avant de tomber dans la prostitutions sous l'influence néfaste d'une professeur de poésie à la morale douteuse.
Baignant dans une ambiance contrastée, entre la propreté méticuleuse de l'appartement du couple et la noirceur glauque des quartiers à prostituées de la ville, Guilty of romance est un film charnel, intense. Jouant savamment sur tous les sens du spectateur, Sono nous propose une expérience cinématographique exceptionnelle. Oscillant entre un érotisme soft et une sexualité à la limite du perturbant, Guilty se perd parfois dans son propos, semblant chercher à tout prix le sulfureux, dans une surenchère visuelle mettant rapidement le spectateur mal à l'aise.
Peinture plutôt réaliste de la perversité humaine, Guilty of romance n'est pas à mettre entre toutes les mains. Expérience toujours sur le fil du rasoir, il nous offre des plaisirs coupables d'une intensité que l'on ne retrouve pas en occident, allant parfois beaucoup plus loin dans sa recherche de l'interdit. Malgré quelques imperfections, ce film risque de marquer longtemps ceux qui oseront s'y frotter.