Gone Girl par MaximeMichaut
Définitivement dorloté dans un cinéma de la maturité depuis quelques années, David Fincher signe avec GONE GIRL son travail le plus sobre formellement, exigeant et anxiogène, annihilant même ses mouvements de cadre fétiches pour emprisonner sa galerie de figures narcissiques et manipulatrices. Thriller intelligent qui épouse dans sa sublime structure éclatée la puissance de sa farce, la violence insidieuse de son nihilisme n'a d'égal que l'explosion cynique qu'elle déclenche, cachant dans son portrait de couple un radical coup de poing à l'être mortel contemporain, enfermé dans une vertigineuse angoisse médiatique, fenêtre donnant sur la terrifiante misanthropie sucrée d'un monde de mises en scène, un simulacre à l'américaine. Affleck et Pike explosent à l'écran, extrêmes, dynamite essentielle de cette destruction massive de l'empathie moderne, et plus que tout dans la seconde moitié du film, carambolage émotionnel et formel certes prévisible mais faisant définitivement de GONE GIRL un maelström de génie, froid, calculateur, profond et juste.