Four friends est un projet ambitieux, qui sur le papier rappelle par bien des aspects Little Big Man. Certes, la temporalité en est réduite, puisqu’on se limite ici à deux décennies, mais il s’agit bien ici d’une fresque relatant par d’autres bouts de la lorgnette l’histoire américaine, des années 60 à l’aube des 80’s.
Comme souvent chez Penn, c’est aux proscrits et aux libertaires qu’on donne la parole : sont ainsi abordés les droits civiques, le Vietnam, le mouvement hippie et la libération sexuelle, dans une fougue diversement vécue par la jeunesse des protagonistes dont les différentes trajectoires vont permettre de visiter toutes les couches sociales, des bas-fonds new-yorkais aux riches demeures de l’élite décadente.
Bigarré, le film flirte avec la grande saga et la comédie musicale, tentant de nous entraîner dans le tourbillon d’une époque mouvementée, non sans décaper le vernis par des excès qui rappellent certaines séquences de Cassavettes, notamment Husbands par ces bastons nappées de vomissures diverses.
Les intentions sont louables, le propos intéressant, le travail des maquilleurs et costumiers…divertissant. Le problème majeur réside dans le casting : il est impressionnant de constater à quel point aucun comédien n’a percé après ce film, et à raison : ils sont presque tous mauvais. Hystériques, linéaires, irritants, ils desservent le film dès son exposition et, le comble pour un tel projet, deviennent de plus en plus inables au fur et à mesure du récit. La love story centrale, improbable et poussive, n’arrange rien à l’affaire, surtout lorsqu’elle est servie par une rengaine répétitive jusqu’à la nausée de la symphonie du nouveau monde de Dvorak et du Georgia de Ray Charles…
Et que dire des péripéties combinant incestes, meurtres, bébés et happy end lénifiant ?
Entre le soap et la contre histoire, il en résulte un film sur la fuite du temps qui se voit miné par les mêmes affres que ses personnages : il vieillit très mal.
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