Georgia
7.3
Georgia

Film de Arthur Penn (1981)

Les jeux vains de la liberté

Four friends est un projet ambitieux, qui sur le papier rappelle par bien des aspects Little Big Man. Certes, la temporalité en est réduite, puisqu’on se limite ici à deux décennies, mais il s’agit bien ici d’une fresque relatant par d’autres bouts de la lorgnette l’histoire américaine, des années 60 à l’aube des 80’s.


Comme souvent chez Penn, c’est aux proscrits et aux libertaires qu’on donne la parole : sont ainsi abordés les droits civiques, le Vietnam, le mouvement hippie et la libération sexuelle, dans une fougue diversement vécue par la jeunesse des protagonistes dont les différentes trajectoires vont permettre de visiter toutes les couches sociales, des bas-fonds new-yorkais aux riches demeures de l’élite décadente.
Bigarré, le film flirte avec la grande saga et la comédie musicale, tentant de nous entraîner dans le tourbillon d’une époque mouvementée, non sans décaper le vernis par des excès qui rappellent certaines séquences de Cassavettes, notamment Husbands par ces bastons nappées de vomissures diverses.


Les intentions sont louables, le propos intéressant, le travail des maquilleurs et costumiers…divertissant. Le problème majeur réside dans le casting : il est impressionnant de constater à quel point aucun comédien n’a percé après ce film, et à raison : ils sont presque tous mauvais. Hystériques, linéaires, irritants, ils desservent le film dès son exposition et, le comble pour un tel projet, deviennent de plus en plus inables au fur et à mesure du récit. La love story centrale, improbable et poussive, n’arrange rien à l’affaire, surtout lorsqu’elle est servie par une rengaine répétitive jusqu’à la nausée de la symphonie du nouveau monde de Dvorak et du Georgia de Ray Charles
Et que dire des péripéties combinant incestes, meurtres, bébés et happy end lénifiant ?
Entre le soap et la contre histoire, il en résulte un film sur la fuite du temps qui se voit miné par les mêmes affres que ses personnages : il vieillit très mal.


http://senscritique.voiranime.info/liste/Cycle_Arthur_Penn/1298312

4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Vus en 2016

Créée

le 29 avr. 2016

Critique lue 1.1K fois

20 j'aime

18 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

20
18

D'autres avis sur Georgia

♪♫ Georgia on My Mind ♪♫

Cinq années après Missouri Breaks, Arthur Penn revient derrière la caméra avec Four Friends, où il dresse la chronique de quatre amis de l'adolescence jusqu'à l'âge adulte. C'est au bout de ma...

le 11 déc. 2016

17 j'aime

4

Georgia
10

Je suis mort deux fois, déjà...

J'ai revu ce soir Georgia (Four friends), d'Arthur Penn. J'avais découvert ce film, à 15 ans, dans le cinoche d'Art & essai de mon petit bled de province, puis par la suite au vidéo-club de mon...

Par

le 8 août 2014

16 j'aime

15

Quatre amis

C'était la jeunesse d’une génération qui nous est déjà éloignée : il y avait les filles, le Vietnam, la fac, les disques de rock, les copains, les indécisions, la contestation, le choc provoqué par...

Par

le 9 nov. 2014

8 j'aime

Du même critique

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord de...

le 6 déc. 2014

779 j'aime

107

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

727 j'aime

55

Her

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

627 j'aime

53