Dès les premières minutes, Flow nous embarque dans son ébouriffant voyage par le biais d'une caméra portée ultra-immersive, toujours mobile et fluide. Le film subjugue immédiatement par la splendeur de ses décors et la précision de son travail sonore ou sur le comportement des animaux. Dans sa séquence d'ouverture d'une intensité folle, il transmet avec brio l'angoisse que procure la nécessité absolue de s'adapter, le age d'un confort statique à la temporalité imprévisible et nouvelle de la nature, qui fait monter à son gré les eaux et les arbres, et prend autant à la gorge qu'elle laisse de trésors inattendus. Cet inattendu, Flow le trouve dans le regard de l'altérité, dans une alliance à laquelle il résiste longtemps mais qui finit par lui être imposée par la figure transcendante qui lui sauve la vie. Le message est clair mais d'une puissance inouïe du fait de l'absence de dialogues : cette arche post-déluge ne peut avancer qu'a la faveur d'un fragile équilibre fondé sur le renoncement. Alliant sans maladresse légèreté et brutalité, grâce à une spontanéité maintenue de bout en bout dans le déroulé du film, Flow va beaucoup plus loin dans l'émotion que son homologue thématique du moment (Le robot sauvage, que j'ai pourtant beaucoup aimé). Ceci parce qu'il accepte parfois de délaisser l'efficacité au profit de ages plus contemplatifs, laissant le spectateur goûter à ce monde étrangement lointain et familier, où l'humain ne laisse entrevoir qune présence spectrale. Tout cela mène jusqu'au dernier acte du film, somptueux, où semble tirée de la terre même une profondeur mystique et une puissance d'évocation dont seule l'animation est capable. À cet instant précis, Flow, long-métrage en apparence mignon sur un petit chat qui avait peur de l'eau, est touché par la grâce.
Ma plus belle expérience de cinéma depuis un bon moment !