Rosemary's Baby Prom Night

Mine de rien, c'est avec le sourire que l'on repart pour une nouvelle virée du côté de "Fear Street", sympathique trilogie de teen horreur netflixienne (adaptation des romans young adult de R.L. Stine) qui avait su plutôt bien tirer son épingle du jeu à la fois par son concept/intrigue fil rouge développé sur le format de trilogie et son habile dosage entre approche moderne et références amoureuses du genre.

C'est donc cette fois en 1988, toujours dans ce coin sacrément maudit pour une vie heureuse d'adolescent(e) de Sunnyvale, que ce "Fear Street: Prom Queen" nous plonge pour un bal de promo lycéen évidemment bousculé par les sinistres desseins sanglants d'un tueur masqué !

Jeune héroïne méprisée sous le poids d'un é douloureux, meilleure amie mise à la marge à cause de ses goûts (géniaux), pire ennemie dévorée par ses ambitions de reproduire le même schéma de perfection familiale ou encore prétendantes rêvant enfin d'un instant de lumière pour sortir de l'ombre de leur leader/rivale, "Fear Street: Prom Queen" puise évidemment avec abondance dans les figures cinématographiques figées de cette compétition traditionnelle US pour en offrir des variations se voulant un peu plus punchy qu'à l'accoutumée. Et ça marche... un peu.

Sans l'aura d'un plan développé sur trois films avec la même auteure (Leigh Janiak est ici remplacée par Matt Palmer), cet appendice apparaît de facto moins consistant que ce que les cendres de l'esprit de la trilogie, aux braises bien plus incandescentes, pouvaient raviver. S'il laisse souvent entrevoir des pistes malignes pour bousculer ce cadre si typiquement américain de bal de promo et sa pression sociale conséquente par quelques envolées cherchant à en faire éclater le vernis, ce nouveau "Fear Street" donne le sentiment de ne jamais appuyer réellement à plein pied sur la pédale de vitesse des (bonnes) intentions que l'on y décèle.

Entre des effets "practicals" qui devraient être une norme complète dans ce type d'approche (punaise, arrêtez de déverser cet horrible sang numérique !!), une réalisation qui devrait pleinement embrasser les codes formels 80's (trop sage, ici, tout ne se résume pas qu'à un -excellent- jukebox et des looks), une potentielle scène de carnage à l'annonce de la reine du bal (ça aurait pu être si marquant et jouissif !) ou, surtout, cette relation entre l'héroïne et sa meilleure amie extrêmement intéressante sur l'écho qu'elle fait vis-à-vis d'une société US irréconciliable sur la manière et la possibilité de renverser les choses (la deuxième aurait justement dû être l'héroïne pour créer la différence), le film fait trop souvent figure d'un ersatz qui se réfugie dans la direction la plus facile pour les exploiter.

Dommage car, si l'esprit en est conservée, ce "Fear Street: Prom Queen" n'arrive pas à trouver une vraie raison d'être vis-à-vis de son modèle qui avait, lui, son format pour s'exprimer pleinement.

Un spin-off sympathique à découvrir mais futile. Reste néanmoins qu'entre ce dernier et l'épouvantable remake "Le Bal de l'horreur" de Nelson McCormick (2008), on ne saura trop vous recommander d'aller faire quelques pas de danse du côté du bal de Shadyside High School, les idées d'une bonne réactualisation des stéréotypes du genre y sont présentes même si leur exécution y demeure imparfaite.

(Petite scène post-générique appuyant le lien avec la trilogie originelle)