Des fois, tu aimes un film alors que tu sais que c'est pas bien génial. C'est même carrément pas bon.
Mais tu l'aimes quand même pour de mauvaises raisons. Après tout, on aime toujours pour de mauvaises raisons. S'il fallait aimer pour de bonnes raisons, on n'aimerait rien ni personne si vous voulez mon avis. Tu aimes parfois un film pour autre chose que lui-même, parce qu'il devient un objet qui te rappelle quelqu’un, un moment, une époque. ça devient comme une fenêtre qui donne sur un ailleurs, un autrement, un autre temps, tellement lointain que parfois, tu te demandes si tu l'as pas rêvé.
Le genre de film que tu peux jamais regarder seul même s'il n'y a personne autour de toi. Tu le regardes toujours avec le fantôme des Noëls és à tes cotés qui pleure avec toi, allongé sous un couette dans un coin du canapé. Même que t'aimerais bien le réconforter, mais les fantômes ça se réconforte pas, ça reste dans un coin de ta tête à te hanter gentiment. Tu le regardes aussi avec le fantôme des Noëls présent qui zieute d'un air dubitatif, les yeux rouges à force fumer des pétards et de boire du whisky, en s'en foutant un peu, et qui attend que ça e. Et bien sûr le fantôme des Noëls futurs, jamais dupe de rien, qui se fout de ta gueule et qu'est méchant comme une teigne parce qu'il ne sait dire que la vérité. Et c'est jamais agréable à entendre la vérité, parce qu'elle met jamais de gants pour te la claquer, ta gueule de sentimental.
Ouais, il y a des films qui font partie de toi, et t' aimerais que ce soit un autre, un bon film, mais voilà, c'est celui-là que la vie a choisi pour toi, alors tu fais avec; et puis tant pis. Tu continueras à le regarder pour faire plaisir à tous ce fantômes qui te rappellent sans cesse ce qui a été, ce qui n'est plus, et ce qui ne sera plus jamais.