Durant l'année scolaire 98-99, je sortais fraîchement de la maternelle. Je n'arrivais toujours pas à faire mes lacets. Mais j'avais la meilleure classe de du monde entier, et ça c'était le plus important. On s'amusait tous ensemble avec Coco, Anastasia, Isaac, les Momo et tout le reste de la classe. Entre deux parties de billes où je mettais en jeu mes méga-calos-pépites, je me souviens qu'on parlait pas mal de dessins-animés, en particulier de Mulan et Excalibur, les dernières productions d'animation trop à la mode. À l'époque si tu ne les avais pas vu, t'étais considéré comme pas normal, hors du temps, pas un vrai enfant, un paria, un «gros-caca-boudin». Surtout qu'ils étaient trop bien ces films de guerriers en vrai. Je me souviens d'ailleurs de Nabil, qui lui ne l'avait pas vu. Son père ayant préféré voler le Godzilla d'Emmerich et autres films du genre Armaggedon. Pour la peine, Nabil se faisait voler son goûter et piquer ses billes dans sa banane Adidas pendant qu'on était en classe. On avait certaines valeurs à l'époque, fallait les respecter. Fallait voir nos dessins-animés.
D'ailleurs, la dernière fois que je l'ai revu le Nabil, c'était pendant que je réglais une affaire sur un problème de stationnement au commissariat. Lui, il était là entre autre pour recel et détention de drogues. Mais attention, je ne tiens pas à le blâmer, ce n'est pas de sa faute. Il a ça dans le sang. Par contre, Excalibur, l'épée magique, je l'ai revu aussi. Et je tiens à le blâmer.
Là où Mulan était une guerrière prête à mettre en jeu sa vie pour sauver celle de son père, Kayley est juste une grosse pucelle féministe qui décide sur un coup de tête, d'aller chercher l'épée Excalibur fraîchement dérobée par le méchant pas beau, parce que c'est ce que son papa aurait fait si il était vivant. Alors qu'en fait notre demoiselle est juste une grosse merde de paysanne, tout juste bonne à récolter des œufs. Et c'est là qu'est le plus gros problème, sans cesse on se surprend à dire «Pourquoi ?». Tout est mal emmené, les différentes péripéties et autres idées scénaristiques semblent incongrues et venant de nulle part, sans doute à cause du début de production précipité qui se fit avant-même la fin d'écriture du scénario.
Du coup on a un film calibré, sans grande imagination où la niaiserie se fait bien trop présente, au point que même en le regardant en famille, tu ne peux qu'esquisser un sourire de malaise tellement que c'est naze et pour les «bébés cadum». La palme revenant bien sûr aux chansons, d'autant plus qu'ils osent en placer une petit dizaine ces cons. Or, elles sont aussi nulles que cucul la praline. Et dieu sait que je n'aime pas la praline (autant que j'aime bien les cuculs surtout celui d'Élise). Mais ce qui est bête, c'est qu'elles sont pour une partie dispensables, et qu'elles sont là en dépit de l'action. Par exemple, la scène où Kayley fuit pour retrouver l'épée dans la forêt, on aurait pu avoir une course dynamique et pleine d'énergie, au lieu de cette fichue chanson faussement pleine de grâce de fils de shlag qui gâche tout.
Car l'action, c'est bien ça qu'il manque wallah. On a d'un côté une overdose de sentiments mielleux avec cet Arthur discount aveugle recueilli par un faucon qui tourne aux alentours de 15ans minimum. (L'espérance de vie d'un faucon est de 12ans, mais celui-ci continu de rivaliser avec des griffons.) De l'autre côté, il y a une humour cracra, tout juste rehaussé par nos dragons consanguins à deux têtes qu'on a envie de fister à deux poings, en particulier lors des faux-miracles finaux, avec en bonus une sodomie par tracteur pour l'aveugle qui se soigne en chanson.
A vrai dire, le peu d'action qu'on a, n'a rien du côté épique qu'on pouvait retrouver dans Mulan. Elle est juste trop enfantine. Il n'y a qu'à voir ces méchants à la peau dure comme du silex, mais qui se font éjecter sur 3m par un coup de bâton quand la situation se révèle charnière pour les héros. Pas crédible, pas toujours cohérent, cette aventure qui se résume d'aller du point A au point B pour un aller-retour se révèle fatiguant par le manque de consistance du scénario, et la réduction de dynamisme par la faute des chansons, sans oublier l'introduction aussi longue que barbante.
En fait, ce film n'est pas extrêmement mauvais, juste inaccessible pour un public de plus de dix ans, mais qui peut satisfaire tout de même des gens aux goûts douteux puériles, comme le père de Nabil sûrement. Ou encore même à -Icarus-, sans la moindre hésitation.