Frein à main sur le cœur. Stop ! La lampe du projecteur s’allume, le volet s’ouvre. Une dernière grappe de respiration avant de plonger en apnée dans le premier long-métrage d’Anaïs Volpé, Entre les vagues. Coupure de courant marin. Le vent s’essouffle. Les poissons s’étouffent. Les oiseaux s’écrasent. L’eau ne fait pas de vagues. C’est comme si la Terre s’était arrêtée de tourner pour regarder deux astres, la Lune et le Soleil, Margot (Souheila Yacoub) et Alma (Déborah Lukumuena), deux meilleures amies, inarrêtables, inséparables, inaltérables, rayonnantes l’une plus que l’autre et l’autre plus que Lune. La réalisatrice a compris qu’il n’y a jamais autant de vie qu'au chevet de la mort.
Dehors, les falaises lâchent les terres, les arbres s’arrachent, leurs bras se débranchent. La lave se fige. Le sel se désagrège. L’eau devient douce. Elle n’apporte plus de messages ni de bouteilles à la mer. Les îles sont plus seules que jamais. À la ville, la lumière noire aspire toutes les autres et tous leurs hôtes. Une architecture béton qui reste de marbre. La journée est orpheline de lendemain. Au-dedans, du corps, du cinéma, dans les fauteuils rouges, des larmes de sang coulent de mon cœur réanimé. C’est le dernier endroit où la vie joue son rôle. C’est le dernier endroit où rêver, foncer, tomber, repartir, rêver encore, et recommencer est permis. Elles ont l’énergie de leur jeunesse, sa joie, son audace, son insouciance. Je n’ai que de la poésie à offrir en échange de cet instant de vie. Et peut-être aussi, mille mercis…
Ma critique imagée : https://lestylodetoto.wordpress.com/2021/08/03/entre-les-vagues-lecume-des-jours/