Le film varie les styles et les allures en restant toujours proche des codes et de l'atmosphère du film de gangster avec un récit profondément engagé sur l'état de notre société et son rapport aux discriminations, à la violence et aux stéréotypes. Le rôle titre d'Emilia Perez est dès le départ une proposition de récit très forte promettant de casser les codes. Celui de Rita Mora, l'avocate, n'est pas en reste. Elle envoie des messages très puissants, avec une vigueur saisissante. Ce sont particulièrement ses parties musicales qui contribuent à la (riche) dramaturgie du film. Beaucoup de sensibilités et d'engagements ressortent des chants du film. La tendresse du chant entre Emilia Perez et la petite fille, ou bien celle de la toute dernière scène, sont de vrais moments de grâce. On ressent comme un lyrisme pour adoucir les mœurs ou bien remédier à la tragédie. C'est tout l'enjeu de ce récit, qui s'avère bien plus compliqué qu'une promesse. Peut-être est-ce pour cela que le film en tant que tel m'a paru avoir du mal à sortir des carcans du film de gangster, comme si il me manquait un liant à toute ces belles singularités. Une coquille, bien loin d'être vide mais qui aurait du mal à se fendiller pour laisser pleinement exposer son cœur. La tension est saisissante du début à la fin de cette fable, elle nous tient suspendus jusqu'à nous lâcher sur un dernier souffle plein d'amour et de douleur. Mais que reste t-il de ces amours malheureux ?!