You're a five dollars textbook. Me, I'm a two-cent tabloïd newspaper. You're too good for the people

Elmer Gantry est un film intrigant à bien des égards. Par son contexte atypique, qui nous fait suivre le destin de revivalistes itinérants dans l'Amérique rurale (puis citadine) de la Prohibition. Par sa distribution éminemment alléchante, d'ailleurs récompensée de deux oscars. Également par l'oubli dans lequel il est tombé, je dois bien avouer que je n'en aurais sans doute jamais entendu parler sans ce site.

Et la curiosité que cette œuvre peut générer est sans conteste récompensée.
Les personnages sont ionnants. Le héros éponyme, un beau-parleur partagé entre sa croyance sincère et sa volonté de trouver une place par ses talents de bonimenteur, est un protagoniste complexe et subtil, qui suscite aussi bien l'adhésion que le mépris. La sœur Falconer, figure de proue du cirque évangéliste, est magnifique de ferveur religieuse mêlée d'instincts naturels et romantiques refoulés. Le journaliste sceptique et agnostique qui suit la troupe sera l'alter-ego du spectateur, partagé comme lui entre la fascination et la répulsion. Quant à la prostituée qui joue un rôle important dans la dernière partie du film, elle réussit à voler la lumière en un nombre infime d'apparitions.
Le scénario est génial. Sans jamais perdre sa fougue romanesque, il nous emmène dans l'exploration de la foi, de la manipulation des masses, du rôle des médias, du mercantilisme, de l'amour et de la haine.
La forme ne souffre d'aucun reproche. La réalisation est nickelle, les dialogues sont époustouflants de justesse et d'intelligence, les sermons et les chants religieux sont intéressants et émouvants même pour le mécréant que je suis.

Pourquoi seulement 8 alors, me demanderez-vous. Parce que si l'œuvre avait toutes les clés en main au bout de 130 minutes pour offrir un dénouement sobre et poignant, elle préfère se perdre dans un final pseudo-symbolique grossier et inutile, proposant de surcroit une morale aussi simpliste que quelconque.

J'ai longtemps cru être tombé sur LE chef-d'œuvre rayé de la mémoire cinéphilique, je n'ai finalement assisté qu'à une excellente pellicule méconnue. Dommage.
8
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le 14 nov. 2010

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Kalian

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