Quinzième long-métrage du Hollandais Violent, Elle marque son retour au cinéma, dix ans après la sortie du remarquable Black Book et il adapte le livre Oh... de Philippe Djian, mettant en avant une patronne d'entreprise qui vient juste de se faire violer.
Si Elle n'atteint pas la maestria et la puissance, entres autres, des plus grands films de Verhoeven, il marque néanmoins son retour au premier plan, et force est de constater que les années ne l'ont pas assagie, il est toujours violent et pervers à souhait. Il dresse un portrait de femme qui sera d'abord intriguant et plutôt complexe, qui se muera en une descente aux enfers perverse et malsaine, où elle aura affaire à un viol, des affrontements violents et psychologiques ainsi que des tragédies qui dévoileront sa vraie personnalité.
Le metteur en scène du génial Flesh and Blood se distingue ici par l'ambiance sombre, âpre et vicieuse qu'il met en place, du moins dans un premier temps. D'abord car ce n'est jamais vraiment transcendant, ensuite, car il multiplie les intrigues (elle, le père, la mère, le fils, la copine, etc) sans approfondir les secondaires, et en les emboitant, parfois maladroitement. C'est dommage, car le fil conducteur reste prenant, avec une violence psychologique et sexuelle plutôt réussie, tant dans le fond que la forme (plus sobre qu'à l'accoutumé).
De plus, l'œuvre reste tout le long dérangeante, il parvient à rendre mal à l'aise malgré des attaques parfois lourdes (on a comprend que tu aimais pas les catho Paulo, mais un peu plus de subtilité ça aurait été le bienvenu!). Il retranscrit bien l'univers malsain dans lequel baigne le film, tandis qu'il arrive à instaurer une certaine intensité dans les moments propices. Il démontre, à nouveau, tout son savoir-faire en terme de direction d'acteurs.
Verhoeven est loin d'être enterré et, bien qu'imparfait, se montre toujours malsain et violent, livrant avec Elle une œuvre parfois fascinante, où il arrive à créer une certaine intensité et une ambiance perverse et dérangeante.
Mes Paul Verhoeven