Dans Edmond, Alexis Michalik (qui a adapté et réalisé lui-même le age du théâtre au cinéma de sa pièce !) n'a nullement l'ambition de faire dans le biopic traditionnel, mais a choisi plutôt de faire de noms réels des véritables personnages de comédie.
Ce parti-pris assumé ne me déplaît nullement, car celui-ci est un prétexte parfait pour en apporter un autre qui m'a beaucoup touché : la ion de nos mots.
Cyrano de Bergerac, en plus d'avoir l'infime honneur d'être la pièce de théâtre française la plus célèbre au monde, en plus de nous faire respirer à pleins poumons ce qu'est l'esprit français avec une force et un panache inégalés, est une véritable déclaration d'amour à la langue de Molière.
Michalik nous fait revivre la richesse et la flamboyance de ce français magnifique, qui a été maltraité, égratigné, volontairement appauvri depuis des décennies, à coups de dialogues ostensiblement littéraires, parfois même en vers, déclamés par des comédiens aux petits oignons, enthousiasmés par ce qu'ils jouent (mention spéciale à un truculent Olivier Gourmet !), jusqu'au plus petit second rôle. C'est une caresse pour les oreilles et cela va au plus profond du cœur.
Quant au schéma narratif adopté, la revanche du perdant, il est classique, mais il est à jamais destiné à être un des plus efficaces et prenants, l'être humain ayant toujours besoin qu'on lui donne de l'espoir. Edmond Rostand, grand spécialiste du bide d'avant 1897, va tel un éclair, d'une manière foudroyante, atteindre les cimes comme personne ne l'avait jamais fait auparavant.
On ne remerciera jamais assez Michalik de nous faire vivre tout cela. On aura juste comme seul regret de constater que le cinéma français ne nous propose que très rarement ce genre d'oeuvre.