Comparé au roman young adult dont il est adapté (roman plutôt dramatique, écrit par une môme de 17 ans), ce film cherche beaucoup plus à dialoguer avec le genre, dans une dynamique méta dont on ne se dépêtre plus trop depuis quelques années. Film de genre oblige, comédie oblige, le recours à la formule consacrée implique un certain nombre d'ajouts par rapport au matériau de départ :
- les cliques et la queen bee connasse (jouée par Bella Thorne, une transfuge des séries Disney) : le label « DUFF/copine moche » vient moins à cristalliser sa relation avec un mec au départ au départ un peu goujat qu’un stigma inhérent à la micro-société de son lycée et véhiculé par une sous-Regina George totalement absente de l’économie du livre, mais devenue nécessaire à tout film pour adolescents depuis Pretty in Pink (la référence un peu évidente ici) ;
- le makeover : la relation entre Bianca et Wesley est moins médiée par une sexualité brutale et débridée que par la sacro-sainte relation de pygmalion qui émaille un certain nombre de fictions lycéennes (Grease dans les années 70, Can’t Buy Me Love dans les années 80 avec Patrick Dempsey, She’s All That dans les années 90, etc.) ; ça se traduit par une scène centre commercial oh so cliché mais censée faire er l’héroïne de l’être étant salopette dégueulasse à la fuck-me dress tout en faisant naître le sentiment amoureux entre deux voisins ex-amis d’enfance (une dynamique très différente du roman, où Wesley est au contraire un personnage plutôt mystérieux, boy-toy écorché d’un niveau de richesse largement supérieur à celui de l’héroïne, ce qui renforce le complexe d’infériorité de Bianca)
- les réseaux sociaux, nouveau trope nécessaire des comédies adolescentes d’après l’an 2000, objet de 2-3 gags qu’on aurait plus vus dans une série télé type Awkward., mais bon. Par ailleurs, Ken Jeong, STAHP already, depuis la saison 1 de Community, je l’ai plus jamais trouvé drôle.
- le bal final, homecoming ici, que Keplinger avait pourtant pris soin de laisser de côté, mais qui donne l’occasion de revivre une des meilleures scènes jamais de tous les teen-movies, à savoir la prom-night de Pretty in Pink, assez largement référencée (on est à un Jon Cryer du plagiat).
On retombe, via cette formule, sur nos pas de rom-com un peu prévisible, légèrement méta, dépouillée des aspects tire-larmes du bouquin (exit le père alcoolique, cue la mère excentrico-rigolote) mais qui bénéficie d’un casting assez attachant (Mae Whitman et le Robbie Amell, le cousin-d’Arrow-qui-joue-Firestorm-maintenant).