Le sourire du condamné

Il faut sans doute se mettre complètement dans le contexte de la guerre froide pour apprécier l'ironie mordante de Stanley Kubrick, dans ce "Docteur Folamour" qui est, je pense, le seul film de son époque à traiter la peur du conflit nucléaire avec le sourire, même si c'est le sourire crispé du condamné... Kubrick y ridiculise l'état-major américain de manière irable, mais y fait preuve également d'une incroyable violence. Il n'est pas interdit de penser que "Dr Folamour" est l'un des plus grands film de Stanley Kubrick, parce qu'il conjugue de manière unique la force d'une vision pertinente de l'absurdité du monde avec la forme éminemment populaire de la comédie, d'ailleurs confiée avant tout à la performance des acteurs : les compositions de George C. Scott et de Sterling Hayden sont marquantes, mais c'est Peter Sellers, avec ses 3 rôles antinomiques qui lui permettent de décliner en un seul film toute la palette de ses talents, qui aide à propulser le film vers les sommets.


"Dr Folamour" restera donc l'un des films politiques les plus acerbes jamais tourné sur l'incommensurable bêtise d'une humanité acharnée à sa propre destruction, entre paranoïa maladive, soif de pouvoir dégénérée et purs fantasmes régressifs.


[Critique écrite en 1980 et 1988, mise en forme en 2018]

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le 14 oct. 2014

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Eric BBYoda

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