Stephen Frears, c'est un peu le gars sûr, le réalisateur qui, à défaut d'offrir toujours des grands films, ne descend jamais en-dessous d'une « qualité minimum » (bon, à une exception près!), comme le confirme « Dirty Pretty Things ». Pourtant, ce n'est vraiment pas mon préféré, au point de ne pas trop quoi savoir écrire. On ne s'ennuie pas, les enjeux sont clairs, c'est militant sans être pesant : le savoir-faire est évident, malgré un budget que l'on devine assez mince. On e ainsi d'une certaine fluidité de la rue à l'hôtel en ant par la morgue, tous ces lieux assez bien exploités fréquentés pour différentes raisons par nos héros, évoquant sans fard le quotidien empli d'incertitudes et de douleurs des immigrés clandestins, ici dans un Londres particulièrement peu valorisé.
Pourtant, je n'ai jamais réussi à être vraiment enthousiaste : cela reste un peu froid, moins émouvant que ça ne devrait l'être, la faute, peut-être, à des protagonistes de qualité mais ne parvenant pas à nous sensibiliser à leur cause autant qu'ils ne devraient. L'ensemble manque un peu de fluidité dans le déroulement, certaines scènes révélant des informations importantes sur les protagonistes ne tombant pas forcément au meilleur moment, le récit virant parfois inutilement au glauque
(le harcèlement sexuel dont est victime Senay).
Au moins l'horreur du
trafic d'organes
(malgré un « twist » assez improbable) est-il décrit avec un certain réalisme, l'interprétation séduisante de Chiwetel Ejiofor et surtout Sophie Okonedo dans ce qui est peut-être le meilleur personnage étant à saluer, Audrey Tautou se montrant presque crédible en jeune turque (!!), sans oublier l'excellent Sergi López en
trafiquant particulièrement ignoble.
La fibre sociale de Stephen Frears est bien là, les qualités inhérentes à son cinéma aussi, même si on l'a déjà vu les exploiter avec plus de brio et de subtilité précédemment.