Rarement je n'avais été autant attiré par un film grâce à son affiche. Je ne connaissais effectivement rien de "Despues de Lucia" si ce n'est son affiche accrocheuse et son sujet. Et rarement je n'ai été aussi partagé devant le résultat final, interdit, perplexe, divisé.
Le film de Michel Franco aborde un sujet fort et malheureusement d'actualité, à savoir le harcèlement moral et physique chez les mineurs, rendu encore plus présent via l'arrivée des réseaux sociaux et de la technologie qui va avec, les bourreaux pouvant désormais partager le calvaire de leur(s) victime(s) d'un simple clic.
Le principal atout de "Despues de Lucia" est de ne jamais fuir devant son sujet et de ne brosser à aucun moment le spectateur dans le sens du poil. Michel Franco laisse au contraire son public devant des faits atroces qu'il n'édulcore en rien, ouvrant ainsi le débat et poussant son audience à s'interroger. Le cinéaste en profite également pour régler ses comptes avec un système éducatif défaillant et paradoxal, fier de prôner la tolérance zéro en ce qui concerne certaines substances illicites mais parfaitement incapable de voir la détresse d'une seule élève et encore moins de gérer le drame qui va en découler.
Dommage alors que le film de Michel Franco soit incapable de procurer la moindre émotion, illustrant un récit pourtant prometteur avec une froideur clinique amplifiée par une mise en scène glaciale faite de longs plans fixes et dénuée de la plus infime note de musique, tuant ainsi dans l'oeuf toute véritable implication du spectateur, déjà pas forcément aidé par une héroïne à la ivité franchement agaçante dont il aura du mal à ressentir un minimum de sympathie malgré une interprétation juste.
Aussi dérangeant qu"irritant, aussi engagé que désespérément froid, "Despues de Lucia" est une oeuvre inconfortable et difficile à juger, qui divisera sans aucun doute mais qui a toute fois le mérite d'exister et de s'achever sur une conclusion inattendue et plutôt courageuse.
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