Desert Road
6.8
Desert Road

Film de Shannon Triplett (2025)

Desert Road par Spectateur-Lambda

Film vu dans le cadre du festival "Hallucinations Collectives."

Film en lice pour la compétition longs métrages.


Le concept de la boucle temporelle n'est pas un dispositif qui me ionne outre mesure. Je trouve souvent les films construits autour de cette singularité redondants, parfois jusqu'à l'ennui. Il y a souvent également d'énormes problèmes d'écritures tant dans la répétition que dans l'astuce, la clef qui permettra au personnage bloqué d'en sortir. Et je ne parle même pas des incohérences du scénario.


Si dans le cas du film de Shannon Triplett on n'échappe pas à deux ou trois de ces illogismes, j'ai été en revanche plutôt agréablement surpris par la façon dont ce récit en boucle avance, jouant sur la répétition sensée amener le trouble et une sorte de malaise, autant que sur un aspect surnaturel d'incompréhension d'événements qu'on dirait sortis de la "Twilight Zone".


A dire vrai, plus je repense à cette histoire de jeune femme bloquée avec sa voiture en panne, sur une route de désert près d'une station service, plus je pense qu'on n'est pas tant dans un film de boucle temporelle que dans un film d'entraves géographique. En effet, elle ne revit pas indéfiniment les mêmes journées, les mêmes événements, les rencontres alternent entre visages nouveaux et visages qui reviennent mais alors les interactions changent. Elle ne parvient pas à sortir d'un certain périmètre, comme si elle s'était retrouvée sur un ruban de Möbius. Cette figure géométrique et topologique qui ne possède ni début, ni fin, ni haut, ni bas et tout cela à la fois, dont la représentation voisine le signe de l'infini, notion qui elle aussi n'a ni début, ni fin, la boucle se répète.


Ce pas de côté emmène cette proposition vers cet effroi que l'on peut ressentir lorsque le paysage nous entourant est si immense qu'il constitue une barrière infranchissable, nous contraignant à ne pas bouger d'endroit. Nous rappelant notre insignifiance et notre destinée au trépas. Au fur et à mesure que notre malheureuse héroïne réalise le piège où elle est tombée, ses choix et ses interactions avec d'autres personnages de ages (ou pas), vont dénouer les ingrédients d'un thriller inattendu.


Il faudra quand le film sortira en salle, (s'il sort un jour car au moment où je rédige cette critique le 5 mai 2025, aucun distributeur n'a été trouvé et le film est pour l'instant destiné à une exploitation exclusivement en festivals) que vous prêtiez une attention toute particulière au son, car sur ce point le film travaille un hors champs nous ouvrant à un imaginaire très intéressant sur la nature de ces bruits ou leur raison d'être au plan intra diégétique et constitueront peut-être une clef de voûte soutenant l'ensemble.


Sans m'avoir fait vibrer j'ai trouvé néanmoins le film agréable à suivre, assez court pour ne pas tomber dans le piège de la redite inutile et emmerdante, ce qui est notablement rare et à souligner dans ce genre de concept à mes yeux.

6
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le 6 mai 2025

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Spectateur-Lambda

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