Décidément, le cinéma de Wolfgang Staudte, relativement méconnu, regorge de pépites fort sympathiques. Après, « Les assassins sont parmi nous » d’une élégance et maîtrise remarquable au ton résolument dramatique, je continue d’approfondir la filmo dense de ce réalisateur allemand. On parle aussi de reconstruction de l’Allemagne RFA suite à la guerre, mais désormais dans un ton résolument tourné vers la comédie, peut-être même la satire.
Le scénario est malin et porté par des acteurs remarquables. J’ai adoré le couple formé par Ingrid van Bergen et Walter Giller. C’est un couple moderne dans le sens ou la femme est moteur et patronne d’une auberge alors que notre héros malgré lui se laisse vivre et n’est qu’un camelot. C’est assez rare pour l’époque et cela mérite d’être souligné.
Mais ce qui fait le sel et le plaisir du film revient tout de même à l’extraordinaire Martin Held incarnant le procureur Wilhelm Schramm. Il incarne la lâcheté, la mémoire SS et les problématiques liés à la justice allemande de l’époque. Mais il est également un orateur hors pair, mélangeant tout et n’importe quoi pour séduire son oratoire. Jubilatoire !
Bref, je suis une fois de plus conquis par cette proposition tout de même culottée et très critique envers la RFA des années 50. C’est drôle, parfois touchant et révoltant. Un beau réquisitoire témoin de son époque. Une nouvelle preuve que les cinéphiles, mêmes aguerris, peuvent encore déterrer des pépites inconnues, injustement mésestimées.