"La raison nous trompe plus souvent que la nature."
Dersou Ouzala est le deuxième film en couleur de Kurosawa et à cette occasion il va adapter le roman largement autobiographique de Vladimir Arseniev, explorateur russe, qui fut guidé dans la taïga durant des travaux de cartographie, par un homme en parfaite harmonie avec la nature nommé Dersou Ouzala.
De ce postulat de départ, Kurosawa va filmer l'amitié naissante entre l'officier russe et le chasseur solitaire. Ce guide atypique va montrer à Vladimr et ces homme divers moyens de survivre et comment er au travers des différents pièges mortels parsemés dans la taïga.
Ici, la notion du temps est celle de la nature et non de l'homme, ainsi la caméra prend son temps et s'attarde souvent pour mieux que l'on puisse s'imprégner de cette nature hostile autant dans sa densité (la forêt s'entendant à perte de vue) que dans le vide vertigineux qu'elle peut offrir (la mémorable scène dans la toundra). L'unité avec la nature est incarnée par le personnage de Dersou, inoubliable, qui survit sans problème dans ce lieu.
Le film contient un bon nombre de scènes mémorables et le personnage de Derzou est un vecteur de "messages". Sa situation durant la dernière demie heure du film est bouleversante et un simple regard permet de nous faire comprendre de nombreuses choses notamment sur l'absurdité de notre société et l'incompréhension de ce personnage si proche de la nature quand il voit ce que l'on fait d'elle et la manière dont vivent les hommes "de la ville". Uniquement en sous-entendant, Kurosawa nous touche car il ne s'exprime que par les situations dans lesquels ces personnages se trouvent. On a pas ici de longs discours moralisateurs mais simplement notre regard porté sur cet homme, son parcours et son amour de la nature et surtout des autres.
L'humanité jaillit à chaque coin de la pellicule, les personnages, étant incarnés par des acteurs que l'on ne reverra plus dans d'autres rôles d'envergures, marquent notre esprit et deviennent la figure universelle de cette amitié. L'humanisme étant le sacerdoce du réalisateur, elle est évidemment omniprésente comme lorsque Derzou laisse la nourriture dans le refuge.
Au final, ce flm est un cheminement spirituel profondémment humain qui nous fait réfléchir sur des thèmes forts sans un ton prétentieux ni un matraquage idéologique. Ce que l'on appelle une pièce maîtresse du cinéma en somme.
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