Cette critique fait partie de la liste "48Hrs with Walter Hill".
https://senscritique.voiranime.info/liste/48Hrs_with_Walter_Hill/1587246
The Last Man Standing est une relecture du Yojimbo de Kurosawa (pour la trame générale) et de A Fistful of Dollars (pour l'ambiance western).
Le film de Leone est un remake officieux du Kurosawa, qui lui s'inspire (selon les dires de Kurosawa himself) du film noir Glass of Key (adaptation du roman homonyme de Dashiell Hammett) mais officieusement, la trame principale proviendrait d'un autre roman d'Hammett (Red Harvest)...
Pourquoi toutes ces précisions en préambule?
Simplement pour replacer Yojimbo à sa place, c'est à dire qu'il est lui aussi une adaptation d'un récit déjà existant.
The Last Man Standing n'est donc qu'un descendant légitime de tout cet héritage culturel...
Bref, Hill se voit proposer cette relecture (officielle) de Yojimbo et hésite dans un premier temps.
Puis ayant vent que Kurosawa ne s'oppose pas à une nouvelle version de son film, Hill se lance dans l'aventure.
Ayant aussi apprécié la version officieuse de Leone, Walter décide que son film ne sera pas un western (malgré le fait que Jericho n'ait pas évolué avec son temps et en garde ses caractéristiques très XIXe siècle), mais un récit se déroulant dans des 30's fantaisistes.
En effet, Hill a toujours is que son film était stylisé et n'a jamais affirmé un quelconque lien avec le réalisme de cette époque.
Ce qui donne donc un long métrage âpre, où quasiment tous les personnages ne sont guère fréquentables (exceptés les femmes, le Shérif et le gérant de l'hôtel), y compris le John Smith, anti-héros manipulateur et uniquement intéressé par l'argent (du moins, au début).
Cette galerie de protagonistes/antagonistes nous présente donc deux gangs rivaux:
- celui de Doyle (p'tit gars hargneux se persuadant d'être un romantique) accompagné par son terrifiant bodyguard Hickey
- et celui de Strozzi, gangster Italo-Américain venus de Chicago.
Dans chacune de ces bandes, il y a une femme malheureuse.
C'est donc ici qu'arrive un John Smith (patronyme bateau) venu du Back East (soit quelque part ailleurs), sorte de mercenaire sans idéaux mais avec des idées.
Il va donc s'ingénier à tirer un profit maximum en se vendant au plus offrant, puis en se retournant contre la main qui le nourrit...
Le casting très chouette se compose :
- d'un Bruce Willis en mode cynique et désabusé (similaire au Hallenbeck de The Last Boyscout),
- un impressionnant Christopher Walken (dans tous les sens du terme)
- un Bruce Dern en observateur neutre
- un David Patrick Kelly impulsif
- et une Karine Lombard envoûtante de par son regard...
Modernisant donc ce concept du "kill them'all, it'll become better for my money" initié dans les années 30, Hill nous livre une œuvre brute (comme souvent, d'ailleurs) avec un petite touche "adult comics" (de par les personnages excessifs et la violence décrite).
Bonne série B efficace et sans temps mort, on constatera néanmoins la profusion de fondu enchaîné dû aux nombreuse coupes que fit Hill lui-même (plus ou moins 20 minutes), histoire de dynamiser le récit (une pratique régulière chez le réalisateur).