Comme nombre de cinéphiles pas assez intellos pour se limiter à des films d'auteur, mais pas assez lobotomisés pour ne jurer que par les blockbusters, je suis iratif du travail de Jacques Audiard.
Ses films ont la capacité d'élever le spectateur sans être de pures oeuvres formelles et/ou cérébrales, hermétiques au commun des mortels.
Sa dernière réalisation s'inscrit à nouveau dans ce fragile équilibre, et m'a semblé particulièrement émouvante. Le cinéaste français narre la relation improbable de deux êtres cabossés par la vie, au sens propre pour Marion Cotillard, amputée des jambes suite à un accident ; au sens figuré pour Mathias Schoenaerts, professionnel de la galère, brute épaisse qui se retrouve flanqué de son jeune fils qu'il n'a pas élevé.
Après moult épreuves, ces deux-là accompliront ensemble leur chemin initiatique vers une existence moins sombre, laissant une (légère) place à l'espoir et à la reconstruction.
Les deux acteurs principaux sont en état de grâce, bien entourés par quelques seconds rôles particulièrement convaincants (Corinne Masiero, Bouli Lanners...), la caméra d'Audiard virevolte, la BO déchire, et à l'arrivée je n'avais pas été autant remué au cinéma depuis un certain temps.