Pour un néophyte comme moi qui connaît mal l'histoire contemporaine de l'Amérique latine, ce film a été une vrai claque. J'ai appris et ressenti beaucoup trop pour ne pas ressortir troublé.
Il porte l'âme, les années de recherche et de rencontres de la réalisatrice. Plus qu'un documentaire simplement "scientifique" sur son sujet, la réalisatrice nous partage son point de vue ainsi que l'histoire de ceux qu'elle a rencontré, en décryptant la tragique histoire du Paraguay et des nombreux pays d'Amérique du sud : corruption généralisée, violence banal et soumission aux puissances de l'agrobusiness.
"Une vie ne vaut rien là-bas"
C'est le genre de commentaire qu'à pu faire la réalisatrice lors de l'échange post-séance qui donne le ton. L'ambiance est aussi lourde que l'impuissance est palpable. Les voix se tuent comme le silence glaçant de ces déserts verts. Les gens sont usés, angoissés, apeurés par cette lutte qu'ils semblent menés si seuls. L'espoir ne semble plus exister de l'autre côté de l'Atlantique.
Mais le film montre aussi la beauté des gens qui luttent, restent debout et fier après tant d'horreurs subit. Il est un témoignage essentiel pour se rendre compte de l'ampleur du massacre perpétué par l'oligarchie qui contrôle ces pays. Il appelle à un sursaut de nos modes de consommation, de nos relations avec ces régimes autoritaires et évidemment place en mirroir ces dérives que l'on retrouve déjà chez nous.
On ne ressort pas très gai, mais avec une vrai sensation de s'être glissé sous la peau d'Ana, pour une expérience mémorable.