Le souffleur magnifique.

Pas facile d'adapter un classique de la littérature, d'offrir un écrin un minimum satisfaisant à un texte intouchable. Pari risqué que Jean-Paul Rappeneau réussi avec les honneurs.

Les droits du classique d'Edmond Rostand étant tombés dans le domaine publique, une adaptation est mise en chantier à partir de 1984 sous pavillon Gaumont, la mise en scène étant proposé au cinéaste Jean-Paul Rappeneau, jusque-là plus habitué aux comédies populaires. Face à la vision romanesque et spectaculaire de Rappeneau, Gaumont fera marche arrière avant que le projet ne soit reprit par René Cleitman.

Grâce à un budget confortable et à une superbe direction artistique, Jean-Paul Rappeneau parvient à dynamiser les écrits inoubliables de Rostand, à les rendre cinématographiques, prenant quelques libertés afin de proposer un spectacle grandiose et palpitant, dans la grande tradition du film de cape et d'épée.

Dans la peau du poète au long nez, l'immense Depardieu semble né pour interpréter les mots de Rostand, tour à tour éloquent, braillard, introspectif, touchant, héros plus grand que grand qui bouffe un à un ses partenaires malgré tout leur talent.

Parfois un peu long et accusant quelques rides, le "Cyrano de Bergerac" de Rappeneau reste un beau spectacle à la française comme notre pays n'en produit plus beaucoup, impressionnant et désespérément romantique, porté par la partition de Jean-Claude Petit, rappelant étonnamment celle du "Batman" de Danny Elfman.
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Instant cinéma 2015.

Créée

le 17 janv. 2015

Critique lue 1.5K fois

24 j'aime

6 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

24
6

D'autres avis sur Cyrano de Bergerac

Le roi des cons

Cyrano est l'exemple du héros romantique. On pourrait craindre le ridicule, la mièvrerie. Comment Rostand parvient-il à éviter cet écueil? En poussant son héros jusqu'au paroxysme ("j'ai décidé...

Par

le 6 mars 2015

56 j'aime

10

Unrequited

Je ne t’aime pas comme on aime l’évidence, et les réponses toutes faites qui brillent à la lumière d’un soleil insipide Je t’aime comme on aime une énigme. Comme on aime les choses qui se meuvent...

Par

le 25 mai 2014

44 j'aime

23

Critique (faussement poétique) de Cyrano De Bergerac par Dröm

Excusez la qualité de ces vers à faire pâlir Rimbaud Mais c'est ainsi que je veux vous parler du Cyrano de Rappeneau. Pour cette étonnante adaptation de l'oeuvre de Rostand, Je ne vais pas vous en...

Par

le 3 avr. 2014

40 j'aime

8

Du même critique

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

Par

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

Par

le 16 nov. 2014

252 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

Par

le 17 mai 2015

212 j'aime

20