Contrebande, réalisé par Baltasar Kormákur en 2012, fait partie de ces thrillers qui semblent suivre une recette connue, appliquée avec sérieux mais sans véritable inspiration. Je lui attribue une note de 5/10, car si le film reste regardable et même par moments plaisant, il souffre d’un manque d’ambition qui finit par le tirer vers le bas.
Dès les premières minutes, on sent que la mise en scène est solide. Kormákur, qui adapte ici son propre film islandais Reykjavík-Rotterdam, maîtrise les codes du genre. Le rythme est soutenu, les séquences d’action sont lisibles et tendues, et l’enchaînement des péripéties se fait sans temps mort. On ne s’ennuie pas. Pourtant, malgré cette efficacité, le film donne la désagréable impression de fonctionner en pilotage automatique.
L’intrigue, centrée sur un ancien trafiquant de marchandises qui replonge dans le milieu pour sauver sa famille, ne manque pas de potentiel dramatique. Mais elle se déroule de manière extrêmement balisée, sans surprise ni réelle tension dramatique. Le scénario semble coché à la va-vite : les méchants sont archétypaux, les retournements de situation téléphonés, et les enjeux trop souvent survolés. On devine les ficelles, et cela nuit à l’immersion.
Mark Wahlberg fait le job dans un rôle qu’il connaît par cœur : le type ordinaire aux prises avec des situations extraordinaires. Mais s’il est crédible, il reste sur un registre monotone, sans nuances marquantes. On aurait aimé voir plus de fragilité, de contradictions, quelque chose qui rende son personnage un peu plus humain. Kate Beckinsale, quant à elle, est cantonnée à un rôle de second plan peu valorisant. Dommage, car son personnage aurait pu enrichir le film s’il avait été mieux écrit.
Un aspect souvent négligé dans ce type de production, mais qui mérite ici d’être souligné, est la musique. La bande-son, composée par Clinton Shorter, accompagne bien les moments de tension et renforce l’ambiance sombre et nerveuse du film. Sans être mémorable, elle joue son rôle efficacement, apportant une certaine intensité dans les scènes d’action et un ton grave dans les ages plus émotionnels. Cependant, là encore, on aurait pu espérer un peu plus d’originalité, quelque chose de plus marquant, voire un thème musical identifiable qui participe à construire l'identité du film.
Visuellement, Contrebande se défend, avec une photographie propre, sans artifices. Mais à l’image du reste, cela reste trop sage. Kormákur semble ref toute prise de risque esthétique ou narrative. Il signe un thriller carré, mais lisse.
En résumé, Contrebande est un film bien construit, mais qui peine à sortir du lot. Il ne trahit pas les attentes... parce qu’il ne cherche jamais vraiment à les déer. Pour un dimanche soir sans prise de tête, il peut faire l’affaire. Mais pour qui espère un vrai moment de cinéma, avec des personnages forts, une tension durable et une réalisation audacieuse, il risque de paraître bien fade.