Tambouille débile

Démarrée sur Mad Max crée alors sa propre maison de production (Icon Production en 1989) et pourra réaliser des films extraordinairement ambitieux, comme Braveheart ou La ion du Christ. Lorsque Complots sort (en 1997), Mel Gibson enchaîne les films policiers (dont un précédent tourné par Donner, Assassins*). Il y partage la tête d'affiche avec Julia Roberts, autre immense star de l'époque.


C'est l'époque où Gibson n'était encore que vaguement suspect d'idéaux politiquement incorrects ; dans peu de temps il allait justement se transformer en démon 'complotiste', c'est-à-dire en type avec des valeurs de droite ''populiste'' et des focus réactionnaires – et aussi, quelques saillies antisémites. Ce personnage n'est pas celui du film, toutefois Jerry Fletcher est un paranoïaque profond, du moins ses comportements sont censés en attester. Chauffeur de taxi, il e ses journées à raconter des théories complotistes à ses clients et tous les objets de son appartement sont protégés par un cadenas et un code secret.


Dès le départ c'est plutôt la gaudriole, l'ouverture étant une succession de saynètes où il étale ses théories fantaisistes voir intenables. Comme convenu une de ses théories s'avère juste et il peut alors entrer, pour la énième fois, en avec Alice Sutton, assistante du procureur à New York dont il est amoureux. Bien qu'elle le considère comme un illuminé et une perte de temps, Alice ne le repousse pas complètement. Bientôt la mécanique se lance et tous les deux vont être exposés aux déchaînements de puissances pas si occultes, puisqu'il s'agit de la CIA.


Et c'est la grande débandade. Si le début est assez conventionnel et décemment grossier, la suite sera un aller-simple vers le n'importe quoi, avec une route carrément sinueuse. Complots n'est pas crédible et les attitudes de ses protagonistes oscillent entre l'aberration, la grandiloquence ringarde et la bouffonnerie involontaire (l'employé de l'hôpital, étonné de rien). Le personnage de Julia Roberts lui-même est inconsistant et si de quelconques sentiments pour Jerry devaient justifier ses attitudes, alors il est regrettable que rien dans le film ne sache l'indiquer. Complots est étranger à toute subtilité et il lui faut proclamer, même les pires trivialités, pour leur assurer d'exister.


Ce film ne sait pas du tout jouer sur les faux-semblants, ni en créer d'ailleurs bien qu'il le prétende. Toutes les séquences avec Patrick Stewart à visage découvert sont absurdes. L'attribution tardive d'une amnésie à Jerry est d'un opportunisme frisant le foutage de gueule (ses tentatives de remémoration d'un ridicule achevé). La révélation du projet MK-ultra est presque vide et fait seulement écho à un thème suggéré chez Rambo : il n'est jamais question des motivations, très évasivement des techniques employées. Toujours plus débile, la parade se termine sur une apothéose consternante.


Au moins le film fait-il sentir ses moyens et les dilapide généreusement à l'écran : ce n'est pas gage de bon goût mais de quelques plans bien sentis. Et surtout, il y a ce moment halluciné : la scène de capture, débouchant sur un délire gilliamesque (L'arme fatale, ce age est assez sordide ; c'est au maximum du présentable dans un 'blockbuster' brassant aussi large. Le reste des outrances ne sera pas à la hauteur, tenant du n'importe quoi convulsif, à la frontière du cynisme de scénaristes et techniciens j'men foutistes, ultra friqués et sous substance. Les déclinaisons de Can't take my eyes off you s'ajoutent pour presser le spectateur dans une espèce de transe d'amorphes exaltés.


https://zogarok.wordpress.com/2016/05/13/complots/

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le 14 sept. 2015

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Zogarok

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