Cruising through the city

Si Collateral avait réussi une seule chose, ce serait bien de m'avoir fait (re)découvrir Tom Cruise.
Éblouissant dans ce rôle sombre, il en éclipse même Jamie Foxx, pourtant excellent en chauffeur de taxi empathique et philosophe.

Si Collateral avait réussi une deuxième chose, ce sont ces plans exceptionnels de L.A. by night, propices à l'introspection et servis en outre par une superbe B.O.

Vous l'avez compris, si j'avais bien aimé Heat, je n'en hissais pour autant pas Mann au statut de dieu vivant à l'instar de certains de mes éclaireurs.
Ce n'est certes toujours pas le cas avec Collateral mais on s'en rapproche doucement.
L'énigme principale restant de savoir pourquoi j'en avais conservé un si mauvais souvenir, au point de lui attribuer 4 initialement.
Bref.

Ce revisionnage aura été l'occasion d'un mini road-trip à travers L.A., de la découverte mutuelle de deux hommes taciturnes et un peu désabusés, ballottés par la vie.
C'est la leçon de vie réciproque qu'ils s'offrent, permise par leurs caractères à la fois si différents et si proches.
C'est une notion particulière de l'honneur parfois, un amour du travail bien fait et, selon moi, la conscience aiguë de ce vers quoi tout ceci les achemine.

Collateral frappe par la subtilité et la finesse apportées dans la narration d'une histoire dure, même si assez banale.
On apprécie le temps pris pour poser chaque situation, à l'image de cette introduction finalement assez longue, mais qui nous installe efficacement dans l'état d'esprit voulu par le réalisateur, tout en y insérant l'air de rien des éléments dont on hésite à savoir si ils serviront dans la suite du film, et en les y ramenant lorsqu'on ne s'y attend pas forcément.

Le ton est cynique, diablement désenchanté, mais le tout est empreint d'une espèce de mélancolie, une tendre langueur qui envahit doucement le spectateur en même temps qu'un crescendo dans la violence et l'angoisse monte pour les protagonistes, prenant parfois un peu de court.
Autant on peut reprocher un léger conformisme, autant certaines scènes surprennent agréablement, finissant de constituer une oeuvre complète et jouissive.

Attachez votre ceinture, et en route !

Créée

le 6 nov. 2011

Critique lue 866 fois

18 j'aime

3 commentaires

SeigneurAo

Écrit par

Critique lue 866 fois

18
3

D'autres avis sur Collatéral

Taxi sniper

Revu il y a trois ans et massacré par une note divisée par deux, je me devais de redonner sa chance à Collatéral : au sein d’une intégrale consacrée à Mann surgiraient peut-être de nouvelles ébauches...

le 23 juin 2016

87 j'aime

22

La cité des anges.

Après s'être attardé sur une partie de la vie de Mohamed Ali, Michael Mann plonge au coeur même de la cité des anges, adaptant un scénario qui aura circulé pendant un certain temps à...

Par

le 21 juil. 2013

79 j'aime

Mon client le tueur

On associe souvent l'intimité au cinéma avec le huis-clos. La promiscuité, forcée par le manque d'espace, permet au spectateur de s'identifier beaucoup plus rapidement aux personnages et de...

le 19 déc. 2018

64 j'aime

6

Du même critique

Your Name.
10

10 minutes : allez, encore 1h35 à er. 1h45 : mais... qu'est-ce qu'il vient de se er ?

Il est des séances qui tombent à pic. Voici quelques jours, je devais expliquer en long, en large et en travers pourquoi, non, je n'avais pas aimé le merveilleux Arrival du non moins fantastique...

le 19 déc. 2016

198 j'aime

50

Léon
10

OK

Luc Besson de nos jours, c'est quasi-exclusivement Europa Corp, société quasi-caritative qui donne de l'argent pour que des films de daube puissent finir la lobotomie entamée par TF1 sur nos chères...

le 26 oct. 2010

175 j'aime

14