Un tempo de marche funèbre
Claude François n'est pas exactement ma tasse de thé musicale. Comme tout le monde, je connais quelques refrains trop souvent entendus lors de soirées plus ou moins second degré dans la composition des playlists, j'ai vu (et apprécié) "Podium", mais jamais je ne me suis penché sérieusement sur le bonhomme. Alors pourquoi pas ne pas se frotter à son biopic ?
Alors "Cloclo" démarre bien. La réalisation est plutôt agréable, peu d'effets de manche, la musique brodée autour des tubes de Claude François e bien, Jérémie Renier est convaincant et les acteurs gravitant autour de lui le sont tout autant (une légère réserve pour Magimel, un peu à côté de ses pompes). Le choix de narration est classique au possible. On égrène les dates, les moments précieux, glorieux, sombres du chanteur... Si la première heure e bien, il arrive un moment où le temps semble s'étirer indéfiniment et où une furieuse envie de baignoire à ampoule déficiente surgit.
En fait, "Cloclo" souffre à mes yeux de vouloir absolument donner une trajectoire tragique à la vie de Claude François, une sorte d'effet Pygmalion à l'envers qui a bien du mal à trouver une accroche. Sa relation tronquée avec son père ? Sa jalousie obsessionnelle ? Sa mère joueuse compulsive ? Florent Emilio Siri remet constamment ces sujets sur le tapis sans leur donner de véritable sens, pour la simple raison qu'ils n'en ont pas. Ce sont des aléas de la vie, pas des catharsis. Le résultat débouche sur moult sujets à peine survolés qui laissent sur sa faim le spectateur, tandis qu'entre deux scénettes intimes le réalisateur s'échine à placer des moments clefs de sa carrière, comprenez des compositions de chanson cultes qu'il va falloir se farcir. Le tout traine terriblement en longueur, s'affadit, perd de sa superbe, pour s'achever dans une bouillie de paillettes ternies sans la moindre émotion.
Si les fans de Claude François y trouveront sûrement leur compte, ceux qui apprécient les biopics risquent de déchanter.