Climax
6.8
Climax

Film de Gaspar Noé (2018)

Le dépérissement collectif hic et nunc

Je note surtout selon mon ressenti personnel et mon expérience. Celle-ci fût à la fois incroyable et affreuse. Et de ce fait je ne suis pas vraiment étonnée des notes très hétéroclites. Ce film est une expérimentation à part entière, laquelle est totalement éprouvante, et en conséquence elle peut totalement déplaire.


Personnellement, j'ai une appétence particulière pour ce sentiment à travers le cinéma : qu'un film malmène, déplaise, pousse aux limites du able. Ce n'est pas chose aisée mais j'adore, et ici tout y est : le huis-clos oppressant, cristallisé par la musique (totalement folle!) et les lumières, les personnages - une espèce d'hémorragie généralisée pour le meilleur et surtout pour le pire. Le rythme va crescendo, les émotions aussi : de l’exaltation à la griserie générale, l'emballement, la fièvre puis le déchaînement catalysé par l'usage (présumé) de drogue.


Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, ce film a le mérite de ne laisser personne indifférent et de nous marquer après son visionnage. On a l'impression d'avoir déé le able, d'avoir épuisé toute notre énergie - comme si on avait dansé avec les protagonistes - on se sent vidé.
On pourra reprocher au réalisateur l'extériorité du spectateur dans cette situation, ou encore des personnages peu attachants, pathétiques : mais pour moi c'est ce qui rend le film éloquent. La déperdition se déroule sous nos yeux, concupiscents et rebutés, on n'a d'autre choix que de regarder ce cocktail explosif (au goût de sangria). C'est, pour reprendre l'expression du réalisateur, le paradis et l'enfer, hic et nunc. Une cohabitation exubérante entre horreur/extase.


Que dire de l'aspect visuel, si ce n'est qu'il n'est pas gratuit selon moi - les plans séquences sont les bienvenus et catalysent notre sensation d’oppression. Et à la fin : le climax multisensoriel est atteint, on perd le nord - jusque dans les mouvements de caméra. Et la musique, si bien choisie (en particulier Cerrone - Supernature) nous hante comme un refrain lancinant. Et +1 pour l'utilisation de Born to be Alive de Patrick Hernandez eheh.


Donc, si je comprends totalement que ce film agace, rebute ou déconcerte, moi j'ai été plus que séduite par l'idée, la réalisation, le résultat.

9
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le 1 mai 2020

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2 j'aime

evilwa

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