One woman, how many loves ?
"Cléopâtre" ce sont des décors titanesques servant de scène à une pièce de théâtre intimiste en deux actes, aux répliques ciselées servies à une distribution réduite à son minimum dramaturgique.
Et pourtant il y a des légions de figurants, des costumes, maquettes, accessoires, fresques et perspectives qui te font exploser la rétine de majesté, de beauté, de puissance... Et dans ce décorum insensé, des acteurs qui habitent ces espaces vides de leur présence, de leur parole déclamée.
Toute hollywoodienne qu'elle soit, cette adaptation de la vie de Cléopâtre parvient à ionner, à défaut de transporter. La réalisation et surtout l'écriture de Mankiewicz brasse humour cinglant, idéaux politiques, ions dévorantes et discours enflammés, mais dès lors qu'il s'agit d'aller se plonger dans le feu des batailles, il préfère esquiver, laissant le spectateur que je suis sur sa faim.
Si le titre du film est "Cléopâtre", sa star la splendide Elisabeth Taylor, c'est bien la destinée de Rome qui nous est contée. Ces années où le sillon tracé par Julius Caesar à laissé croître la destinée de Augustus. Tous deux sont remarquablement interprétés (Rex Harrison d'un côté, Roddy McDowall, de l'autre). J'ai un peu plus de mal avec la performance de Richard Burton, mais c'est plus dû à son rôle d'aviné transi d'amour qu'autre chose. Dur de succéder en tant que mâle principal au César évoluant dans une intrigue de complots feutrés en première partie.
Il faut voir "Cléopâtre" à minima pour ces raisons :
- La scène de l'assassinat de César, d'une théâtralité magnifiée par sa mise en scène "enflammée",
- Elizabeth Taylor. Impériale dans ses 65 costumes (et sa salle de bains, un costume en tant que tel),
- Derechef les décors splendides,
- Il y a un entracte.