Clara n'est pas seule. Elle communique avec la nature qui l'entoure et ses animaux qui semblent comprendre en quoi sa "différence" n'est un problème que pour les humains, sa famille, notamment, qui en fait un objet de superstition religieuse. Tout l'enjeu de Clara Sola, premier long-métrage impressionnant de Nathalie Álvarez Mesén, semble être de voir comment elle se sortira des préjugés qui l'enferment, dans un rôle de vieille fille incontrôlable qui pressent les tremblements de terre et guérit les maux d'autrui. Mais dans ce coin perdu du Costa Rica, le film va plus loin, sur les rives du réalisme magique, qui se marie aussi bien à l’exubérance de la végétation de ce pays d'Amérique centrale, qu'à celui du sud du continent. Clara Sola, c'est aussi le tropique du désir pour son héroïne, à qui l'on a interdit la jouissance, sous prétexte qu'elle avait été touchée par une grâce divine. Le film s'attaque aux tabous religieux et sociaux avec sa manière poétique, cachant les brasiers ardents de Clara sous la peau de la douceur et d'une apparente soumission. Mais sa rébellion et sa quête de liberté, sous-entendu celles de toutes les femmes d'Amérique latine, ne finiront-elles pas par vaincre son intranquille docilité ? Pour incarner la tellurique Clara, Nathalie Álvarez Mesén a choisi une danseuse, Wendy Chinchilla Araya, époustouflante dans ce conte sensoriel, dont le travail de mise en scène, sur l'image mais aussi sur le son, est irable.