Très jolie surprise que ce film méconnu et relativement mal-aimé, qui tente de conjuguer divertissement (la forme du thriller) et réflexion (avec une fine analyse des mécanismes qui sous-tendent l'action politique). Les détracteurs de "City Hall" lui reprochent sa mollesse sur le plan de l'action et du suspense, alors que c'est justement cette forme de minimalisme qui offre au récit sa crédibilité et son efficacité.
En effet, tout le décorum autour de la mairie de New York apparaît d'une authenticité remarquable, le scénario (co-signé Paul Schrader et Nicholas Pileggi, excusez du peu!) ayant bénéficié du concours d'un ancien adt au maire, l'éminent Kenneth Lipper.
De plus, le réalisateur Harold Becker a obtenu l'autorisation exceptionnelle de tourner dans les véritables bâtiments municipaux, ce qui favorise évidemment l'immersion au sein de cet univers.
Bien avant l'émergence de séries telles "The West Wing" puis "House of Cards", Becker et ses producteurs faisaient le pari d'intéresser le public à ces milieux austères mais fascinants, montrant que des liens souterrains se nouent forcément entre politique locale et nationale, justice, économie voire crime organisé...
Les principaux hiérarques d'une grande métropole peuvent-ils mener à bien leur mission sans jamais dévier de leurs idéaux?
Dans le rôle du maire, Al Pacino signe une performance majuscule, même si son phrasé m'a parfois perturbé, et si certains ages apparaissent (volontairement?) too much, à commencer par son discours enflammé (grotesque) lors des funérailles du petit garçon.
A ses côtés, John Cusack brille en conseiller de l'ombre idéaliste, et le ing cast se révèle remarquable (Danny Aiello, Martin Landau, David Paymer, Bridget Fonda, Lauren Velez...).
Finalement, ce qui manque à "City Hall" pour prendre une ampleur supplémentaire, c'est une mise en scène plus affirmée. Pourtant, Harold Becker est sans doute au sommet de sa carrière (il sort de deux très bons thrillers hollywoodiens : "Sea of Love" et "Malice"), mais le réalisateur semble s'effacer devant son sujet : son travail apparaît fonctionnel, mais assez pauvre en idées de cinéma.
Ce qui n'empêche pas "City Hall" (terme qu'on traduirait par Hôtel de ville) de se révéler ionnant et même en avance sur son temps, lorsqu'on voit le succès des séries politiques dans les années qui ont suivi.