L'écriture de Chroniques d'Haïfa s'est achevée en 2018 et son tournage, en 2020, a dû s'interrompre au bout de 3 jours seulement, à cause de la pandémie. Malgré ces atermoiements, le film de Scandar Copti, dont la précédente œuvre, Ajami (en coréalisation), datait d'il y a déjà 15 ans, a enfin pu être présenté au Festival de Venise 2024. Long métrage choral, Chroniques d'Haïfa imbrique plusieurs récits autour de membres d''une même famille palestinienne et d'autres personnages, Arabes ou Juifs, dont la cohabitation à Haïfa, la ville la plus cosmopolite d'Israël, est moins problématique qu'ailleurs dans le pays, mais se heurte néanmoins à pas mal d'interdits ou de préjugés. Il est question de mariage, de grossesse, de difficultés financières et de liaisons dangereuses, dans un style documentaire qui met en valeur la qualité de l'interprétation mais qui se révèle, en revanche, trop sophistiqué, ou confus, selon sa propre compréhension des sujets traités, dans une construction qui se joue des temporalités et fait parfois apparaître la même scène à des moments différents. L'on peut être un peu déboussolé et ne pas tout saisir immédiatement des enjeux profonds mais les interactions entre les deux communautés, avec ses incompréhensions et ses a priori, rendent le film intense et assez souvent ionnant à suivre.