Le fiel et les abeilles

Titre français qui contraste avec l'original, le Chromosome 3 serait-il celui de la fureur qui se transmet ?


Après un premier générique déjà très angoissant composé par Howard Shore, dont la bande originale à base de violons crissants et hurlants fera frémir tout le film, Oliver Reed, acteur physique et charismatique, mais parfois en surjeu, s'impose d'emblée dans un face-à-face théâtral docteur/malade hallucinant et jouissif. On est tout de suite plongé dans le bain d'un trip que l'on devine déjà unique et perché.


Puis, à l'image d'un Kramer contre Kramer, on découvre un homme (Art Hindle) seul avec sa fille en raison de la folie de sa femme, internée dans le centre du docteur précité. Celui-ci prétend guérir ses patients en extériorisant leurs troubles mentaux à travers des manifestations physiques spontanées grâce à une substance appelée Psychoprotoplasmes. Il est fou Cronenberg, il est fou ! :D


Sauf que bien sûr, cela ne se era pas comme prévu... Et très vite les premiers ennuis commenceront lorsque de petits êtres en anorak (idée géniale car esthétique et mémorisable) feront la loi autour de la petite fille... Et franchement, à part à la maternelle où c'est peu crédible, les scènes d'épouvante, malgré le manque de moyens évident, font mouche ! (Non je ne me suis pas trompé de film)


L'angoisse monte crescendo, comme l'atmosphère malsaine entourant cette histoire de dingues. La psychanalyse du docteur à base de transferts occupe une place prépondérante et ses dialogues sidèrent. Le suspense omniprésent et certains ages surréalistes fascinent. Non vraiment, c'est très fort, il n'y a aucun temps mort. (rime suffisante)


Le final, aussi fascinant qu'écoeurant, et découpé en deux scènes se chevauchant pour encore plus de suspense, pose en filigrane bien des questions sur le couple et la maternité, sur la séparation... C'est complètement dingue d'être allé aussi loin dans le concept de psychosomatisation ! Presque aussi dingue que le visage terrifiant de Samantha Eggar, totalement habitée... Quant au dernier plan sur celui de cette gamine terrorisée, précédant ses larmes finales, j'en suis encore sous le choc...


David Cronenberg au sommet de son art ! Celui qu'il n'aurait jamais dû quitter...

9
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le 18 oct. 2015

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RimbaudWarrior

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