C'est entendu, Delannoy n'était pas un génie. Son adaptation du roman de Cesbron, sur la délinquance juvénile, est honnête, ni gaie ni triste, fataliste et humaniste. A sa sortie, un critique nommé François Truffaut écrivit un article incendiaire contre le film : "C'est ainsi que Delannoy a dirigé ces enfants : pauvres acteurs d'occasion que l'on est tenté de gifler tellement ils sont mièvres et faux... Ce n'est pas un film raté, c'est un forfait conforme à certaines règles que l'on devine aisément : faire un gros coup en s'abritant derrière l'étiquette de la qualité." Méchant, le François, et un peu injuste mais il faut se replacer dans le contexte du cinéma français des années 50 où les Delannoy, Duvivier, Cayatte et compagnie se complaisaient dans un cinéma populaire un brin démagogique et moralisateur. Bizarrement, aujourd'hui, leurs films ont un côté désuet qui ne manque pas de charme et qui témoignent, à leur façon, d'une vision de la société française de ces années-là.