Clairement pas le meilleur film de John Woo, on sent très rapidement qu'il n'a pas pu faire ce qu'il voulait, que la production l'a « censurée », en réalisant son premier film dans le pays de l'obésité (d'ailleurs, petite astuce pour reconnaître un film de John Woo : il y a plein de pigeons qui volent). En fait, le film est vraiment mal rythmé durant sa première partie, il faut attendre la seconde pour retrouver ce qui fait la force du réalisateur. Pour être le plus précis possible, cette transition se produit au moment où la policière se fait tirer dessus et que JCVD prend le flingue de cette dernière au ralenti. Avant cette scène, John Woo s'efface derrière un JCVD, qui, bien que moins marquant que dans un Double Impact ou un Kickboxer, est toujours présent pour donner de belles tatanes tout au long du film… ce qui me fait penser, d'ailleurs, qu'une alliance JCVD-Woo avait de toute façon peu de chance de marcher, le réalisateur préférant filmer des gunfights à des scènes de bagarre, contrairement à notre mangeur de frite préféré qui lui préfère montrer ses plus beaux coups de pied retournés.
Ma théorie, c'est qu'à la base, John Woo n'en avait rien à branler de Van Damme, qu'il l'a filmé quand même pour faire plaisir à l'acteur (qui commençait à vraiment avoir de l'influence) ainsi qu'aux producteurs, mais que ce sont surtout les méchants qui l'intéressait (et pour m'être un peu renseigné sur la production du film, j'ai l'impression que c'est le cas)… du coup, vous vous doutez bien que les méchants sont, eux, très réussis. Pour le coup, rien qu'en voyant leurs longs manteaux (qui je pense ne sont pas bien adaptés à la Louisiane), on sait que ce sont des méchants à la John Woo. Les deux antagonistes principaux, interprétés par Lance Henriksen et Arnold Vosloo, sont irréprochables… bon par contre, le grand méchant du film meurt comme une merde lors d'une scène-gag à base de grenade dans le calbut qui n'a aucun sens.
Le côté western, hommage à Sergio Leone, ne fonctionne pas vraiment. Cette ambiance s'accorde mal avec les scènes d'actions qu'avec le lieu dans lequel se déroule l'intrigue, la Louisiane. Au moins, ça nous permet de voir un décor des États-Unis encore aujourd'hui trop peu exploités à mon goût. En fait, la seule scène que je trouve vraiment réussie dans cette même première partie est la mort du vétéran noir, Elijah, rejeté par tout le monde (y compris par le frère de Sam Raimi) alors qu'il se trouve en plein centre-ville et que plusieurs personnes tentent de l'assassiner.
Bref, comme déjà dit plus haut, il faut attendre la seconde partie du film pour enfin prendre beaucoup de plaisir devant ce film. On fait la connaissance de l'oncle Douvee, le seul bon emprunt au genre western, mais surtout, les meilleures scènes d'actions du film font enfin leur apparition, que ce soit celle près de la cabane de l'oncle ou dans l'entrepôt : pour le coup, on a droit à du pur John Woo.
C'est d'ailleurs durant cette même seconde partie qu'on sait que JCVD commençait à devenir vraiment bankable puisqu'en plus d'avoir un mulet (et il faut vraiment avoir confiance en soi pour se ramener sur un plateau avec un mulet), on y aperçoit grossièrement sa doublure à de nombreuses reprises… les ralentis de John Woo facilitant bien évidement la distinction entre celle dernière et l'acteur.
Encore une fois, pas le meilleur film de John Woo, mais pas mauvais non plus. Dans tous les cas, il se rattrapera quelques années plus tard avec Volte/Face.