Avec "Bunny Lake is Missing", Otto Preminger signe un thriller d'influence hitchcockienne, aux frontières du drame psychologique et du polar mystérieux.
On est d'abord envoûté par l'atmosphère de faux-semblants qui entoure ce récit sur la disparition d'une petite fille. Le réalisateur austro-américain parsème ainsi son film de personnages étranges et inquiétants, à l'image du voisin envahissant ou de l'ancienne institutrice qui vit recluse.
De sorte que le spectateur est amené à douter de tout et de tous, à l'instar de celui qu'on imagine époux et qui se révèle frère, et jusqu'à l'existence même de la fillette...
La deuxième partie du film s'avère un peu moins palpitante, une fois le mystère en grande partie éventé, mais l'intérêt réside alors dans la mise en scène précise de Preminger, qui choisit un noir et blanc évocateur pour étaler ses qualités de cadrage, montage, composition des plans... Certaines séquences apparaissent mémorables, à l'image du "jeu" final entre les protagonistes.
D'autre part la distribution s'avère impeccable, emmenée par l'immense Laurence Olivier, la très jolie Carol Lynley et l'inquiétant Keir Dullea.
Au final, "Bunny Lake is Missing" constitue une œuvre troublante, bien représentative de ces années 60, qui dégage un délicieux charme suranné, et constitue une pièce de choix dans la riche filmographie d'Otto Preminger.